Mission: Impossible, protocole fantôme
États-Unis, 2010
De Brad Bird
Avec : Tom Cruise, Anil Kapoor, Simon Pegg, Jeremy Renner
Photo : Robert Elswit
Musique : Michael Giacchino
Sortie : 14/12/2011
Impliquée dans l'attentat terroriste du Kremlin, l'agence Mission Impossible (IMF) est totalement discréditée. Tandis que le président lance l'opération "Protocole Fantôme", Ethan Hunt, privé de ressources et de renfort, doit trouver le moyen de blanchir l'agence et de déjouer toute nouvelle tentative d'attentat. Mais pour compliquer encore la situation, l'agent doit s'engager dans cette mission avec une équipe de fugitifs d'IMF dont il n'a pas bien cerné les motivations…
MISSION PRÉVISIBLE
Depuis le lancement en production du premier Mission : Impossible - le meilleur, celui réalisé par Brian de Palma -, Ethan Hunt représente l’alternative américaine au So British James Bond. Un héros américain, fonceur et toujours dans l’action, là où l’agent secret de sa Majesté usait de son charme et de son flegme hérité de la Guerre Froide. Si la série a toujours fait appel à de multiples gadgets, dont les fameux masques, elle s’inscrivait dans un environnement «réaliste», avec une vraie approche «rationnelle» de son mode d’intervention. Pour ce quatrième épisode, et alors même que la saga James Bond a fait le pari de revenir à un film d’espionnage plus dur, avec Casino Royale et Quantum of Solace, Mission : Impossible effectue un virage à 180 degrés, en privilégiant le ludique et le divertissement. Le choix de Brad Bird comme réalisateur s’inscrit pleinement dans cette volonté assumée d’offrir du cinéma pop-corn au public. Là-dessus, le film n’est pas une trahison. On reconnait le goût du metteur en scène des Indestructibles pour une action en mode flipper où les héros rebondissent sans cesse sur un décor qui apparait presque trop petit pour un tel débordement d’énergie. Mission : Impossible : Protocole fantôme possède même en son cœur un vrai morceau de bravoure, quand Tom Cruise gravit presque à mains nues le plus grand building du monde, à Dubaï, sous la menace d’une tempête de sable.
UN TOUR DE ROLLERCOASTER
Pourquoi alors, un sentiment de déception prédomine après ce tour de rollercoaster qui visite à un rythme effréné les pays nouveaux riches – La Russie, les Émirats et l’Inde ? Le scénario, le scénario, le scénario... Si l’on accepte aisément le principe du whodunit dans un film d’espionnage-action, on regrette amèrement que nos amis aient à ce point négligé l’importance d’un méchant d’anthologie. Non seulement le plan et les motivations de ce dernier nous échappent totalement, mais trop de séquences et d'enchainements narratifs reposent sur un saut de foi total, avec des incohérences troublantes à un tel niveau budgétaire, quand on n’assiste pas à des scènes de dialogues dignes... d’OSS 117. Tout cela prive le film d’un quelconque suspense et déplace la saga sur le territoire de la comédie d’action, comme un vulgaire James Bond période Roger Moore. Il y avait pourtant de belles esquisses dans ce quatrième volet, comme la relation sentimentale naissante entre Ethan Hunt et l'agent Jane Carter ou les liens d’amitié virile qui se tissent entre les différents membres de l’équipe, mais le métrage manque de chair et surtout de sens.