Berlinale: The Misplaced World
Die abhandene Welt
Allemagne, 2015
De Margarethe von Trotta
Scénario : Margarethe von Trotta
Durée : 1h41
Par pure coïncidence, une photo trouvée sur internet d'une chanteuse d'opéra fait sombrer la vie de Paul Kromberger et sa fille Sophie dans le chaos complet. Paul croit reconnaître l'image de sa défunte épouse Evelyn, la mère de Sophie. Sophie part à New York pour rencontrer cette mystérieuse étrangère...
CELA S'APPELLE LE MIRACLE DE L'AMOUR
La réalisatrice allemande Margarethe von Trotta, lauréate du Lion d'or à Venise pour Les Années de plomb au début des années 80, avait fait un come-back remarqué il y a deux ans avec Hannah Arendt qui fut un solide succès en France. Que s'est-il passé sur ce nouveau film, sélectionné (ou placardisé) en section Berlinale Special ? De manière assez ironique, The Misplaced World a des éléments qui ne dépareilleraient pas avec un film de l'Ecole de Berlin: cette histoire de double qui pourrait presque flirter avec le fantastique, ces jeux de miroirs, d'identité et de secrets... Mais le traitement ici est radicalement à l'opposé de ce que pourraient faire des Christian Petzold ou Ulrich Köhler. Les dialogues hyper didactiques et artificiels, les ellipses faciles et la psychologie qui ne serait acceptable que dans un épisode des Snorkies annoncent la couleur: The Misplaced World navigue quelque part entre un épisode de Joséphine ange gardien et un téléfilm avec Dominique Lavanant. Et dans la salle, on se surprend à attendre la coupure pub.
Hasards ou coïncidences ? Ma mère serait la soeur de mon grand oncle qui aurait couché avec le faux-frère de la cousine de Tatie Biscotte ? The Misplaced World accumule les retournements de situation de soap opera jusqu'à la parodie. L'enquête de l'héroïne, une des plus mal écrites de l'histoire de la page blanche et du stylo, ressemble à celles des mauvais films d'horreur où toutes les infos nécessaires (noms, adresses, digicodes, groupe sanguin) sont disponibles en un coup de Google. Cette Sophie, sosie allemand de Meg Ryan, est une chanteuse Chérie FM qui nous gratifie de quelques boeufs dispensables dans le film, quitte un toyboy pour un improbable lover échappé d'une romance Harlequin et semble être le produit mécanique d'un brainstorming sur l'héroïne parfaite pour mamans en quête d'aventures. C'est réussi: The Misplaced World est le film parfait pour faire le repassage, où l'on se concentre sur sa chemise tout en fronçant le sourcil lorsqu'un nouveau twist débarque à l'écran. Pardon ? C'est Chao-Lin le meurtrier ?. Il peut parfaitement y avoir un public tout à fait respectable pour ce type de film léger à l'intrigue qui défile rapidement - mais nous n'en faisons malheureusement pas partie. Dans un accès de lucidité, l'un des personnages de The Misplaced World dit à l'autre: "You're too much". C'est bien lancé.