Mirages
France, 2009
De Talal Selhami
Scénario : Christophe Mordellet
Avec : Karim Saidi
Photo : Mohamed Sellam
Musique : Xavier Collet
Durée : 1h45
Cinq personnes aux profils très différents se retrouvent en compétition pour décrocher un emploi prestigieux à la Matsuika, une multinationale installer au Maroc. Après un entretien avec le PDG, les candidats se voient proposés une ultime épreuve pour déterminer le gagnant, dans un lieu tenu secret. Ils acceptent et embarquent à bord d'un minibus dépourvu de vitres. Après des heures de route, le véhicule a un accident et les candidats se retrouvent prisonniers de la carcasse de métal. Ils réussissent à en sortir en unissant leurs forces mais découvrent qu'ils sont en plein milieu du désert et que le chauffeur a disparu. Ne sachant pas si l'accident est réel ou si l'épreuve commence, les candidats vont errer dans le désert à la recherche d'indices et seront confrontés à des mirages les renvoyant à leurs peurs les plus profondes...
FRERES DU DESERT
La présence de Mirages, projet franco-marocain, au festival du film fantastique de Gérardmer cette année avait de quoi étonner. A l'image de The Door, lauréat du grand prix l'an dernier au festival de Gerardmer, Mirages s'aventure en effet sur des terres plus classiques qu'il n'y parait. Et d'ailleurs, comme c'était le cas pour le film allemand, il ne s'agit pas vraiment non plus d'un film de genre à proprement parler. S’il utilise bel et bien des ressorts extra-ordinaires, c'est pour raconter une histoire finalement terre-à-terre, en jouant sur deux tableaux en même temps. D'une part l'errance plus ou moins hallucinée dans un désert mystique où tout pourrait arriver ; et d'autre part le confinement de personnalités opposées au bord de l'explosion collective. Soit dit en passant, dans le cadre du festival de Gerardmer de cette année, il était difficile d'échapper à la comparaison avec deux autres films (respectivement Ultimate Patrol et Devil) qui abordaient chacun l'un de ces thèmes de manière plus convaincante. Sans trop dévoiler l'intrigue, c'est l'une de ces deux sources de tension qui se retrouve rapidement privilégiée par le scénario. Car les fameux mirages du titre ne sont que rarement utilisés qu'à des fins autres que décoratives, reflet de ce que l'on est tenté de prendre pour une grande candeur face au genre fantastique qui, quand il ne sert pas de prétexte (ou de deus ex-machina), est traité sur le mode du déjà-vu. Mirages manque en effet un peu de forte personnalité pour marquer durablement les esprits avides de fantastique, mais derrière tout cela se cache néanmoins un film un peu plus solide quand il se recentre sur une veine plus réaliste. La caméra, d'abord hésitante, se fait nettement plus fluide face à la cinégénie du désert marocain, et globalement, le long métrage respire plus quand le discours sur le travail ou l'origine social laisse place au survival attendu. Dommage que, malgré son titre prometteur, Mirages reste sur des rails un chouïa trop conventionnels.