Festival Cinéma du Réel : Mirage à l'italienne
 |
 |
 |
 |
 |
Notez ce film |
« Tu cherches du travail ? L’Alaska t’attend ! ». Puisque la crise épargne les « no man's land », cinq Turinois décident de refaire leur vie à Yakutat.
UN VOYAGE INATTENDU
En quelques lettres, le Miracle à l'italienne de Nino Manfredi est devenu, sous la direction de Alessandra Celesia, un Mirage. Celesia fait le portrait d'un pays économiquement exsangue; "l'Italie c'est mort" entend-on sans détour. L'utopie proposée par Mirage à l'italienne est aussi absurde qu'étourdissante: une poignée d'Italiens va tout lâcher pour aller trouver du travail au bout le plus improbable du monde, en Alaska. Il y a une dimension de fable dans ce voyage dantesque, et une douleur pour ces personnes en détresse qui ont bien conscience que les opportunités se perdent dans le temps. L'équipée n'est pas assortie (une mère toxicomane, une actrice sans travail, un garagiste homosexuel, un ex-soldat homophobe...) et rend l'odyssée encore plus curieuse - trop, peut-être. Car le mirage de Celesia est un peu trop mis en scène, un peu trop orchestré, le réel un peu trop forcé pour être aussi fort qu'on le pensait: c'est Celesia elle-même qui a passé l'annonce à laquelle ses "personnages" ont répondu, c'est elle qui a dealé l'offre d'emploi. Mais lorsque la chef d'orchestre elle-même se retrouve le bec dans l'eau, lorsque ces aventuriers finissent par se demander ce qu'ils fabriquent là, Celesia touche son sujet. Celui qu'elle traite dans la première partie, lorsque des gens de 50 ans tentent de bredouiller leurs premiers mots d'anglais, et celui qu'elle retrouve enfin: cette soif d'en découdre, de retourner la planète pour s'en sortir, quitte à se résoudre à un triste déracinement.
