The Midnight Swim
États-Unis, 2015
De Sarah Adina Smith
Scénario : Sarah Adina Smith
Durée : 1h24
Spirit Lake est inhabituellement profond. Aucun plongeur n'a jamais réussi à en trouver le fond. Lorsque le Dr Amelia Brooks disparaît après une plongée en eau profonde, ses trois filles sont renvoyées à la maison. Mais elles ne peuvent faire leur deuil et sont irrémédiablement attirées par les mystères du lac...
L’INCONNUE DU LAC
Découvrir un long métrage qui échappe à toutes les étiquettes constitue déjà une précieuse qualité - encore plus lorsqu'il s'agit d'un premier long. Avec The Midnight Swim, la jeune Américaine Sarah Adina Smith (lire notre entretien) signe un drame psychologique "féminin", un film fantastique poétique tout en empruntant la grammaire du cinéma d'horreur mainstream. Ce mélange singulier donne l’impression de ne pas avoir toutes les cartes en main, de ne pas savoir quelle piste sera privilégiée. Et maintenant, on va où ? The Midnight Swim est imparfait, mais The Midnight Swim est gonflé, une qualité qui vaut bien tous les « films maîtrisés » du monde. Le premier essai de l’Américaine a parfois été comparé à un Pique nique à Hanging Rock avec un lac à la place du désert – la comparaison pourrait être écrasante mais il y a un sens du mystère chez cette jeune réalisatrice qui donne très envie de voir ce qu’elle fera ensuite.
Lors d’un plan au début de The Midnight Swim, on peut voir les trois héroïnes, ou plutôt leurs ombres projetées sur un lac. Celui-ci renferme une énigme : comment leur mère a-t-elle pu y disparaître ? Tel l’étang fascinant de la nouvelle de Virginia Woolf, le lac semble receler des âmes, comme celles de ces sept sœurs qui s’y seraient noyées si l’on en croit la légende. Comme dans tout bon film fantastique, l’hésitation est partout dans The Midnight Swim. L’hésitation du point de vue avec ce faux documentaire filmé par une sœur plus fragile que les autres. L’hésitation vis-à-vis de la vérité concrète : on a beau scruter les choses au microscope, elles ne sont pas plus claires. Les filles ricanent mais y croient lorsqu’elles se font peur. Et quid de la réincarnation, comme on l’évoque au détour d’un dialogue ?
Le fantastique permet à Sarah Adina Smith de croquer des portraits féminins plus sensibles et plus ambigus (et nous rappelle, à l’occasion, que pratiquement tout le meilleur du cinéma américain indé actuel vient du genre fantastique/horrifique – à la marge de la marge). On perd nos repères, comme dans ce plan magnifique et récurrent sur un ponton, de nuit. Le lac semble être un reflet mouvant du ciel étoilé. A moins que les étoiles ne fixent dans le ciel les mystères qui scintillent dans le lac ? Ce n’est pas la seule interrogation poétique de ce premier essai audacieux, imaginatif et extrêmement prometteur.