The Midnight Meat Train
États-Unis, 2008
De Ryuhei Kitamura
Scénario : Jeff Buhler d'après d'aprés "Le Train de l'abattoir" de Clive Barker
Avec : Roger Bart, Leslie Bibb, Bradley Cooper, Vinnie Jones, Brooke Shields
Photo : Jonathan Sela
Musique : Johannes Kobilke, Robb Williamson
Durée : 1h25
Sortie : 29/07/2009
Depuis que ses œuvres photographiques provocantes ont attiré l’attention d’une galeriste réputée, Leon Kaufman est prêt à aller encore plus loin pour faire de sa première exposition un événement. Il se lance dans une quête obsessionnelle des plus sombres aspects de l’homme, ce qui le conduit sur les traces d’un tueur en série qui traque les banlieusards prenant le métro très tard.
LES BOUCHERS DOUBLES
The Midnight Meat Train, c’est avant tout une nouvelle du romancier et tortured soul Clive Barker. C’est d’abord l’histoire d’un homme qui bascule peu à peu dans la fascination morbide et la folie macabre après qu’il a découvert l’existence d’un serial killer sévissant dans les tréfonds d’une ville poisseuse : New York. Mais adapter Clive Barker n'est jamais une mince affaire. Plusieurs réalisateurs s'y sont déjà cassé les dents et Ryuhei Kitamura (Versus, Godzilla Final Wars), qui signe ici son premier film américain, vient encore nous le prouver. Car si adaptation se doit de rimer avec appropriation, il ne faut pas non plus tomber dans la dénaturation. Malheureusement le film de l’expatrié réalisateur fait dangereusement de l’œil à ce dernier travers en omettant rien de moins que l'atmosphère poisseuse "so 80's", personnage essentiel de la nouvelle, pour nous livrer une grosse pomme architecturale et propre sur elle ainsi qu’un métro qui n'a plus rien à voir avec celui qu'empruntaient Les Guerriers de la nuit de Walter Hill. Certes le film étoffe certains points (le héros n'est plus ce paumé journaleux mais devient un photographe glam en devenir, une copine sexy fait son apparition, etc.) mais en oblitère autant et des plus cruciaux (le final est expédié pour cause d’origines malsaines difficilement appréciables pour une large audience). Quid du résultat final ? Si Kaufman devient cet homme abandonnant peu à peu sa propre identité, empruntant le chemin classique du voyage initiatique pour descendre peu à peu dans les abîmes de l’enfer, là où le piège s'est refermé, de l'autre côté du miroir, Mahogany perd de sa superbe. Il n'est plus qu'un fou sanguinaire, dont la fatigue à peine présentée est remplacée par une maladie bien étrange, transformé en Forrest Gump du métro aux penchants et à la mission inavouables. Heureusement que le charisme sans faille et inattaquable de Vinnie Jones sauve les meubles.
MINUIT, L'HEURE DU CRIME…
Mais ne parlons pas non plus de haute trahison, cette adaptation n'en étant clairement pas une. Par où pèche ce film alors ? Dans son mélange des genres tout simplement. A la fois descente interminable vers la folie et la noirceur, mais avec une image toute contre-indiquée et une photo quasi clippesque nuisant gravement à la malsanité Barkerienne, et gros steak saignant 100% pur bœuf à la limite du grand guignol, la double orientation n'arrive jamais à s'accorder sur une seule et même colonne vertébrale scénaristique. Avec une certaine somme de moments salaces dus à quelques fulgurances gores bien efficaces sous forme de concassages de crânes assez jouissifs, il faut bien l'avouer, The Midnight Meat Train préfère jouer l’effet direct chic et choc prompt à choquer le bourgeois (et qui ravira tous les amateurs d’effusions sanguines) plutôt que de se pavaner dans la finesse dérangeante de l'auteur original. En découle donc une œuvre mi-figue mi-raisin perdant la cruauté de ce que ce théâtre funeste aurait dû être, et finissant sur un ton finalement très propre sur lui, assez linéaire et sans réelle surprise, qu’une musique à la Carpenter finit docilement d’habiller. Le film de Kitamura n'est pas le choc brutal escompté et même s'il fonctionne correctement, un sens de l'esbroufe assez prononcé l’empêche d’accéder au rang de gros film dégueu. Pétard mouillé non, mais pétard qui n’explose pas bien fort et qui n’éclabousse pas bien loin, oui.