Michael Kohlhaas
France, 2013
De Arnaud des Pallières
Scénario : Arnaud des Pallières
Avec : Mads Mikkelsen
Durée : 2h02
Sortie : 14/08/2013
Au XVIème siècle dans les Cévennes, le marchand de chevaux Michael Kohlhaas mène une vie familiale prospère et heureuse. Victime de l'injustice d'un seigneur, cet homme pieux et intègre lève une armée et met le pays à feu et à sang pour rétablir son droit.
LES CHEVAUX DE DIEU
La nouvelle d’Heinrich Von Kleist à l’origine de ce nouveau film d’Arnaud Des Pallières n’était pas particulièrement aisée à adapter. Pas tant à cause d’une éventuelle profusion d’événements mais de par la touche d’ironie particulière de la narration. Ce sourire en coin qui détonnait avec la peinture de cette violence parfois barbare, et qui permettait notamment à Kleist de conclure son récit par une pirouette culottée. Cet humour-là , certes déjà en filigrane dans la nouvelle, est ici absent. Tant pis mais après tout un film doit pouvoir être jugeable et jugé en soi, et non pas comme une traduction. Des Pallières n’a pas peur de faire sien ce récit et tant mieux. Il élague, raccourcit, combine des personnages. En partie pour de probables raisons de budget (exit les centaines de figurants et les villes entières mises à feu), mais surtout par désir de se recentrer sur son protagoniste poussé à bout.
En résulte un mélange étonnant d’intranquillité profonde (le montage abrupte, la caméra qui tremble, un nombre audacieux d’ellipses) et d’austérité maousse. Le moins que l’on puisse dire est que Michael Kohlhaas n’est effectivement pas un film qui brosse dans le sens du poil historique. En dehors d’une scène de combat nuageuse presque filmée du ciel, Michael Kohlhaas prend en effet le parti de l’anti-spectaculaire, de l’intériorité. Le combat du protagoniste pour réclamer la justice à laquelle il a droit est d’abord noble mais flirte peu à peu avec le fanatisme, et le film devient lui-même sale, âpre. Les chevaux recherchés par Kohlhaas ne sont ni des licornes ni des petits poneys, et même si Des Pallières injecte une dose de surprise (sans aller jusqu’à parler de fantaisie) avec l’apparition furtive d’une princesse glaçante, l’ensemble finit par souffrir de sa dureté très ombrageuse, parfois trop spartiate pour ne pas nuire au rythme général.