Mezzanotte

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Mezzanotte
Piu Buio Di Mezzanote
Italie, 2014
De Sebastiano Riso
Durée : 1h34
Sortie : 24/06/2015
Note FilmDeCulte : **----
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Davide est un adolescent à part et à l'allure très féminine. Il a quatorze ans quand il abandonne sa maison pour trouver refuge à la Villa Bellini, un parc de Catane. Ce parc est un monde en soi, habité par des marginalisés que la ville préfère ignorer. Au moment où son passé le rattrape, Davide va devoir prendre seul la décision la plus dure de sa vie, sans aucune échappatoire.

LA PERMISSION DE MINUIT

Premier film de Sebastiano Riso, Mezzanotte est selon ses propres dires un film biographique, basé sur les souvenirs d’enfance d’un de ses proches. Qu’apporte la fameuse formule « basé sur une histoire vraie » ? En termes de cinéma, pas d’autre promesse que celle d’une volonté d’authenticité. Mezzanotte possède des personnages attachants, une galerie de travelos, tapins, petites frappes gays et autres marginaux squattant chaque nuit les ruelles de la ville. L’archétype rabâché de la-pute-au-grand-cœur, qui est déjà un cliché en soi, trouve ici toute une palette de déclinaisons. L’absence d’explication sur les relations entre ces personnages, l’absence de background et de traumas apporte à cette bande une certaine légèreté, mais ne leur permet pas toujours de dépasser le stade du pittoresque. L’authenticité a parfois bon dos, car elle laisse place ici à un mélange plutôt convenu de folles perdues et de machos ritals. Le jeune protagoniste, à la tignasse flamboyante quelque part entre Régine Desforges et Nathalie Pâque, se détache aisément de cet ensemble, ne serait-ce que par son naturel ou son androgynie troublante.

Mezzanotte se heurte en outre au piège récurrent des films reconstituant des souvenirs réels. Combien de films-de-souvenirs, aveuglés par leur désir de sincérité et l’obsession de coller le plus possible à l’authenticité des faits, oublient de transposer les scènes en une véritable trame scénaristique avec un début et une fin ? Une scène pouvant paraître cruciale et déterminante, aux yeux de l’auteur peut, si ce dernier manque de recul, devenir bien fade aux yeux du spectateur. C’est exactement ce qui se passe ici, où les scènes gentiment mollassonnes se succèdent sans grande tension ni évolution flagrante. Si le total de ces scènes est encore plus décevant que leur simple succession, c’est qu’il manque le principal : du liant. Les souvenirs de la vraie vie n’obéissent pas à une logique narrative, ne prennent la forme d’une trame que dans un réagencement arbitraire et imaginaire. Pour les transformer en vrai scénario, il faut les triturer, les modifier et les obliger à rentrer dans des cases. Il faut assumer l’artificialité du geste artistique. Il faut à la fois beaucoup de recul et un sacré talent. Même les plus grands s’y cassent souvent les dents.

par Gregory Coutaut

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