Festival de Gerardmer : Memory : les origines d’Alien
Memory - The Origins of Alien
États-Unis, 2019
De Alexandre O. Philippe
Durée : 1h29
Cet essai filmique nous révèle les origines glaçantes et peu connues du film Alien, chef-d’œuvre cinématographique de Ridley Scott, avec ses emprunts à la mythologie grecque et égyptienne, à la bande dessinée alternative, à la parasitologie, mais aussi aux écrits fantastiques de H. P. Lovecraft et aux tableaux de Francis Bacon. Sans parler du génie symbiotique du scénariste Dan O’Bannon, du plasticien-concepteur H. R. Giger et du cinéaste Ridley Scott.
40 ANS ET TOUTES SES DENTS
Depuis le Laserdisc et surtout avec l’avènement du Dvd et autres Blu-rays, pas une année ne passe sans qu’on ne nous présente un nouveau documentaire ou un énième bonus dit “définitif“ sur le cas Alien, le 8e passager. Pas une année ne passe sans qu’on ne vienne nous témoigner de la grandeur et de l’importance du film de Ridley Scott. Pas une année sans qu’on ne nous propose un voyage dans le temps sur les traces du xénomorphe le plus célèbre du 7e art. Bref, à force de consommer de l’édition spéciale, de l’ultimate collection ou encore de l’anniversary reunion on pensait avoir tout vu/lu sur l’œuvre et son réalisateur. Et pourtant… Car le documentariste suisse Alexandre O. Philippe, dont les précédents faits d’armes (The People vs. George Lucas, Doc of the Dead, 78/52) ont imposé une patte et des angles d’attaques toujours pertinents (on attend d’ailleurs avec impatience son prochain méfait : Leap of faith : William Friedkin on The Exorcist lui aussi présenté au Festival de Gerardmer 2020), arrive aujourd’hui avec une approche plus didactique que certains prédécesseurs, voir-même plus sourcés que d’autres reportages wikipediesque opérés par des fans sans point de vue, pour mieux insuffler une vision, un point de vue sur cette œuvre matricielle de la science-fiction qu’est Alien. Faisant la part belle aux origines du script de Dan O’Bannon, dont les influences majeures sont des vieux films de SF, des comics, certains écrits de Lovecraft en passant par le mythe des Furies ou encore certaines œuvres de Francis Bacon, ou peut-être parce qu’il s’attarde plus que quiconque à décortiquer la scène clé et angulaire du Chestbuster, Memory : les origines d’Alien propose donc une approche passionnante, analysée avec brio, tact, respect et finesse que tout fan de la franchise se doit d’avoir vu. Bravo. Seul petit bémol, l’absence de Sir Ridley dont les rares interventions se font via des images d’archives. Mais bon, vu les orientations que papi a pris avec la saga, Philippe a peut-être bien fait de laisser se reposer dans le formol…