Mémoires d’une geisha

Mémoires d’une geisha
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Mémoires d’une geisha
Memoirs of a Geisha
États-Unis, 2005
De Rob Marshall
Scénario : Robin Swicord
Avec : Gong Li, Ken Watanabe, Koji Yakushô, Michelle Yeoh, Ziyi Zhang
Musique : John Williams
Durée : 2h24
Sortie : 01/03/2006
Note FilmDeCulte : ****--

Des années 30 jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, le difficile apprentissage de Chiyo, fillette nippone arrachée à ses parents en vue de devenir geisha.

LE MONDE EST DEVENU UN CERISIER EN FLEURS

Petite Arlésienne depuis la sortie du best-seller signé Arthur Golden, l’adaptation cinématographique de Mémoires d’une geisha a finalement pris forme entre les mains dorées d’Oscars et de dollars de Rob Marshall, auréolé par le succès de son Chicago. Une question se pose néanmoins: Marshall, si à l’aise sur scène (voir les numéros musicaux tous très réussis de son premier film), allait-il pouvoir mener à bien un récit où l’on chante peu, où les danses n’ont rien à voir avec Bob Fosse, et où l’émotion provient des personnages plutôt que de chorégraphies enflammées? Le bilan, sur ce point, est assez mitigé, même si l’on ne tombe jamais dans le pudding d’un Dernier Samouraï. Ces mémoires souffrent en effet d’une mise en scène qui brime leur souffle et castre leur frisson sentimental, à l’image d’un dernier acte assez tarte, point faible également de l’œuvre originale. Pourtant, le spectacle est souvent là. Aux deux opposés de la planète, à la même époque, deux types de showgirls (petites pépées jazzy et venimeuses d’un côté, geishas délicates dans un monde de brutes de l’autre) cherchent un peu de lumière dans un monde où les hommes sont marionnettistes et achètent la virginité des jeunes filles. Et lors de la Danse de l’Ancienne Capitale, tout l’art du réalisateur en ce qui concerne la chorégraphie, le montage et le jeu d'éclairages s’exprime enfin, pour accoucher d’une séquence magique – un peu trop rare dans le film.

NE CHERCHEZ PAS LA GEISHA

Si la mise en scène n’assure pas vraiment sa mission, Marshall peut s’appuyer sur la dream team de la direction artistique. Six nominations aux Oscars viennent garnir le palmarès d’un film beau comme un camion, de la photo léchée de Dion Beebe (Collateral) aux costumes de Colleen Atwood. Un argument qui tient habituellement du cache misère mais qui fait aussi la réussite d’un long métrage jouant essentiellement sur l’illustration luxueuse à la façon des canons classiques hollywoodiens. Ceux qui s’attendent à une relecture des Musiciens de Gion en seront pour leurs frais, les geishas pratiquent la langue de Shakespeare et leur fascinant rituel, minutieusement décrit dans le livre, est généralement survolé comme une belle carte postale exotique. Pourtant, là encore, ce sont les actrices qui sauvent la mise et animent les images d’Epinal. Ziyi Zhang porte vaillamment le film sur ses épaules, et Michelle Yeoh n’a rien perdu de son capital sympathie en bonne fée initiatrice. Mais la plus belle part de gâteau est réservée à Gong Li, dans le rôle de Hatsumomo, serpent fielleux, méduse pyromane et salope lunaire, une méchante bigger than life dans un film parfois engoncé, comme la petite héroïne débaptisée qui voit d’abord la vie à travers les barreaux d’une charrette ou les grilles de l’okiya, puis l’étincelle claquée dans le dos d’une geisha pour porter chance, superstition d’un monde voué à s’écrouler.

par Nicolas Bardot

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