McDull dans les nuages
My Life as McDull
Hong Kong, 2003
De Toe Yuen
Scénario : Brian Tse d'après d'après l'oeuvre de Alice Mak et Brian Tse
Avec : Buxx Banner, Jan Lamb, Andy Lau, Sandra Ng Kwan Yue, Anthony Wong Chau-Sang
Musique : Steve Ho
Durée : 1h15
Sortie : 02/07/2003
Cochon écolier rêvant des îles Maldives, McDull vit avec sa mère Mme McBing dans un modeste appartement à Hong Kong. Fin gourmet et sportif à ses heures, McDull s’entraîne à capturer des brioches, tandis que Maman McBing tente de convaincre les autorités d’en faire une discipline olympique.
MADE IN HONG KONG
Remis en selle par un Grand Prix au festival d’Annecy, McDull dans les nuages ne s’adresse pas aux seules petites têtes blondes en culottes courtes, comme pourrait le suggérer ses griffonnages de maternelle. Etonnant mélange d’animation traditionnelle, de 3D rudimentaire et de crayonnés naïfs, le premier long de Toe Yuen ne relate pas n’importe quelle histoire. C’est tout Hong Kong - ses chantiers, sa pop culture, ses mœurs culinaires - qui s’invite dans la maison de poupées des McBing. Equivalent hong kongais de Sanrio, la firme japonaise responsable de la chaîne de jouets Hello Kitty, le label McDull donne un aperçu probant des talents de l’île en matière de kawai ("mignon"). A l’origine un comic strip, le vilain petit porcin a successivement pris la forme d’une revue, d’une série télévisée et d’une kyrielle de bibelots rose cochon. Le microcosme arc-en-ciel de McDull… voit ici cohabiter deux inclinations: l’âge mûr et l’âge tendre, le premier n’étant jamais très éloigné du second. McDull adulte feuillette les pages les plus heureuses de son enfance et se remémore le bambin à groin qu’il était. L’autorité (le corps enseignant, l’entraîneur) apparaît sous des traits humains; les têtes rêveuses (les enfants, Mme McBing) se réincarnent elles en cochon, hippopotame, chat ou grenouille.
JOURNAL INTIME
La vie de McDull n’a pourtant rien de dull ("ennuyeux"); Toe Yuen et Brian Tse procèdent à un jumelage inattendu entre un jardin d’enfants pastel et une métropole excessivement polluée. Entièrement réalisé à Hong Kong, dont le quartier de Kowloon a la plus forte densité de population au monde, McDull dans les nuages offre une vue glaçante des immeubles exigus et décrépits. De longs panoramiques parcourent à intervalles réguliers une cité grisâtre dévorée par les grues et les échafaudages. La course à l’argent, la starisation des acteurs et des sportifs: aucune lubie locale n’échappe au verre déformant de Toe Yuen. Sous ses allures de conte inoffensif, McDull dans les nuages se veut aussi bien une satire de la vie urbaine qu’une lettre d’amour à Hong Kong. Tirant sa spécificité de ses choix esthétiques, le film inclut dans sa mosaïque photos, pictogrammes, jeux vidéos, archives en noir et blanc et prises de vue réelles. Parodies et sketchs s’inscrivent dans la veine des chroniques takahatiennes (le sympathique Chie, la petite peste et l'émouvant Mes Voisins les Yamada). Drôle, appétissant, McDull… aurait mérité quelques coupes plus intransigeantes de-ci de-là. Se réclamant de Raymond Briggs, le fameux dessinateur anglais pour enfants, l’univers bricolé du petit cochon n'a pas fini de faire parler de lui.