Mauvaise Foi
France, 2006
De Roschdy Zem
Scénario : Pascal Elbé, Roschdy Zem
Avec : Leïla Bekhti, Bérangère Bonvoisin, Jean-Pierre Cassel, Pascal Elbé, Roschdy Zem, Cécile de France
Photo : Jérôme Alméras
Musique : Souad Massi
Durée : 1h28
Sortie : 06/12/2006
Clara est juive, Ismaël est arabe. Ils forment un couple heureux et épanoui. Lorsque Clara tombe enceinte, c'est le plus beau jour de leur vie. Tout va bien...
L'ENTENTE CORDIALE
Sans cynisme ni pessimisme, Roschdy Zem touche à deux sujets enflammés, dans l'air du temps, la religion et le communautarisme, avec la simplicité et l'éloquence des jeunes premiers. Pour Clara et Ismaël, rien ne pose problème. Classes ordinaires, trentenaires sans oeillères, appartements séparés, train-train tranquille et posé. Mauvaise Foi ressemble en surface à tant d'autres comédies sentimentales et fait délicatement s'entrechoquer les portraits attendus: le nid amoureux et angoissé, les amis, conseillers matrimoniaux bohèmes, la famille au-dessus de la moyenne. Le cœur du problème dépend moins du couple, attentionné et altruiste, que des regards extérieurs, de plus en plus soupçonneux. Qui de la mère juive ou du père musulman aura le dernier mot? Roschdy Zem ne tranche pas, fait front aux clichés tout en les enjambant, attise et désamorce les susceptibilités, raille la loi du plus fort, et ne donne surtout pas le dernier mot à la religion. La famille musulmane (une mère gâteau, une fille footeuse) est laïque et modérée, la famille juive (un couple petit bourgeois, une tante excentrique) n'est pas le monstre d'égoïsme supposé. Les déchirements et les mésententes naissent des préjugés et d'un reste d'ego mal placé. Roschdy Zem s'en tient à ce constat naïf et sincère. Dans Mauvaise Foi, les religions et les discordes qu'elles entraînent ne sont pas plus graves qu'une affaire de couple. Et c'est dans l'intimité d'un beau couple (Zem et Cécile de France) que le film trouve son point d'équilibre, sans brutaliser ni asséner une quelconque leçon.