Deauville Asia: Mater Dolorosa

Deauville Asia: Mater Dolorosa
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Mater Dolorosa
Philippines, 2013
De Adolfo Alix Jr.
Durée : 1h30
Note FilmDeCulte : ***---
  • Deauville Asia: Mater Dolorosa
  • Deauville Asia: Mater Dolorosa

Lourdes Lagrimas est à la tête d’une organisation criminelle qui sévit dans un petit quartier de la ville. Elle tient, avec ses enfants, les rênes du commerce illégal local : vols de voitures, jeux d’argent et trafics de drogue. A l’aube de la nouvelle année, le maire de la ville lance une campagne anti-corruption qui met en péril les activités de la famille Lagrimas. Lourdes va tout faire pour maintenir sa famille soudée malgré les événements qui vont remettre en cause son statut de mère et de criminelle.

LA MARRAINE

23 longs métrages en 7 ans, qui dit mieux ? Dire que le jeune Philippin Adolfo Alix Jr (découvert notamment grâce à sa sélection cannoise l’an passé avec Death March) est prolifique passe presque pour un euphémisme. Mater Dolorosa, réalisé juste avant Death March, donne comme pour Death… le sentiment d’être face à un cinéaste qui a de l’idée mais pas forcément beaucoup de temps pour la développer. Pour apprécier Mater Dolorosa, il faudra pourtant prendre le temps de se poser. Adolfo Alix Jr confie le rôle principal d’une chef de la mafia locale à la star Gina Alajar, qui égorge des poules et refroidit les jeunes coqs. Mais on n’a pas du tout affaire aux extraordinaires mamies pittoresques du cinéma de Brillante Mendoza (dont la plus illustre, Anita Linda, joue un petit rôle dans Mater Dolorosa). Alajar telle Barbara Bel Geddes, la mamie gâteau de Dallas qui passe son temps à planter des pétunias, n’est pas la plus spectaculaire des mafieuses. Elle tient son monde d’une main de maître, sans avoir à faire grand-chose. Elle ne fait rien. Sa famille non plus. Le public attend, ou s’endort.

Pourtant, le film va quelque part. Comme dans Death March (et ses maquettes), le concept formel peut étouffer. Cette fois-ci, Alix Jr opte pour des couleurs éteintes, un presque noir et blanc à peine teinté de couleurs plus chaudes mais celles-ci restent voilées. Un monde mi-mort autour de la mater dolorosa du titre, dont on a l’impression d’avoir vite fait le tour. Puis tout se débloque lors du dernier quart d’heure. Celui où la ville devient presque abstraite, lorsque ces couleurs passées sont brûlées par les étincelles des feux d’artifice. Celui où le refus du spectaculaire trouve une justification lorsqu’on en vient à déposer les armes. La mater dolorosa trouve alors une stature, ironique et tragique, et le film enfin a de la gueule. Il faudra néanmoins patiemment ronger son frein pendant les trois quarts du long métrage pour que le cinéma l’emporte enfin.

par Nicolas Bardot

Commentaires

Partenaires