Mate-me por favor
Brésil, 2015
De Anita Rocha da Silveira
Scénario : Anita Rocha da Silveira
Durée : 1h41
Sortie : 15/03/2017
Une vague de crimes frappe Barra da Tijuca (zone ouest de Rio de Janeiro). Ce qui avait commencé par une simple curiosité morbide de la part des jeunes du quartier, va transformer leur vie. En flirtant avec les codes du film de genre et du soap-opera, Anita Rocha da Silveira signe un thriller fluorescent, sensuel et envoûtant.
LA MORT SECRÈTE DES JEUNES
"Shebam! Pow! Blop! Wiz!". Mate-me por favor ("Tue-moi s'il te plaît", tout un programme), premier long métrage de la réalisatrice brésilienne Anita Rocha da Silveira, ne s’embarrasse de rien, et surtout pas des attentes des spectateurs. Un tueur qui rôde... des jeunes filles sauvagement assassinées... une héroïne à la sexualité bourgeonnante qui sent le danger autour d'elle... vous croyez pouvoir relier les points entre eux ? Probablement pas, car Mate-me por favor est un improbable kaléidoscope fluo et barré, dont l’énergie et l'imagination absurde rappellent moins ses compatriotes brésiliens qu'un certain imaginaire japonais, notamment certains mangas les plus régressifs. Comme si le tueur de Scream s’égarait un moment dans Un collège fou, fou, fou.
Entre deux meurtres, le film collectionne les vignettes hilarantes - comme cette jeune femme pasteur ultra-maquillée, qui prêche sur de l'Eurodance en fichier midi - puis vire le temps d'une séquence à la comédie musicale, grâce un morceau de hip-hop old school qui ne s'achève qu'avec la chute d'un pot de fleurs sur les danseurs. Porté par une bienveillance kitsch, le film évite néanmoins l’écueil de la parodie stérile. Adolescent, le film l'est moins par l'utilisation de codes cinématographiques liés à l'horreur (la vie au lycée, la sexualité...) que par un regard à la fois pop et punk, c'est à dire ludique et cynique à la fois. Sérieux et surtout pas sérieux à la fois.
De fait, on pourrait reprocher à la réalisatrice de faire tanguer un peu trop la barque à force de faux-semblants, sans lui donner de direction claire. Mate-me por favor offre pourtant plus d'un moment fort. D'inquiétantes respirations hors-récit, en forme de trouées esthétiques (un miroir qui se couvre soudain de sang) viennent par exemple rappeler Les Bruits de Recife du Brésilien Kleber Mendonça Filho. Mais ce qui permet au film de ne pas se réduire à un album Panini, c'est aussi une joyeuse absence de morale. La violence des morts autour d'elle va étrangement pousser l’héroïne dans une direction amusante: "la vie est courte ? Autant faire ce que je veux", et la voilà qui devient odieuse avec ses propres amies, se met à larguer son mec et rouler des pelles à d'autres filles dans les toilettes, le tout sans conséquences, sans analyse psychologique. Mate-me por favor, de la poudre aux yeux ? De la poudre acidulée qui pique comme on aime, surtout.