Masks
Allemagne, 2011
De Andreas Marschall
Scénario : Andreas Marschall
Durée : 1h52
Dans les années 70, le professeur de théatre Matteusz Gdula a mis au point une méthode d’interprétation révolutionnaire. Après la mort de plusieurs étudiants et le suicide du professeur, la méthode Gdula a été interdite. 40 ans plus tard, Stella, apprentie comédienne, est acceptée au cours Matteusz Gdula. D’étranges évènements se déroulent dans l’une des ailes de l’école. Stella pense que la méthode est toujours enseignée: elle va tenter d’y participer.
AU THÉÂTRE CE SOIR
Projeté en dernière partie de cette première édition du PIFFF, l’Allemand Masks partage certaines caractéristiques avec d’autres films diffusés en sélection : A Lonely Place To Die et surtout Cassadaga. Comme ces derniers, le long-métrage d’Andreas Marschall commence avec des idées excitantes et une belle promesse : en l’occurrence, celle de rendre hommage au giallo en général et à Suspiria en particulier. La reconstitution des codes et passages obligés du genre (par la musique, le jeu sur les couleurs et les ombres, les inévitables plans d’armes blanches qui crissent sur du cuir, etc…) font tenir debout les prémices de ce récit qui multiplie les pistes : serial killer, sorcellerie, hypnose, masques au pouvoir surnaturels… Or cette reconstitution fétichiste n’offre pas grand-chose de nouveau ou personnel et se rapproche de la simple décalcomanie, le coté crade de l’image semble plus dû à un manque de moyens techniques qu’à un réel travail de fond, et l’envie de voir ce qui se cache derrière ce masque-hommage se fait rapidement pressante.
Le deuxième problème c’est que le scénario ne fait jamais fructifier toutes les pistes évoquées. Comme dans les autres films cités plus haut, le scénario de Masks se contente de juxtaposer des idées les unes à coté des autres sans jamais les concrétiser : la piste des masques est entièrement abandonnée après une seule scène, le tueur mystérieux est parfois complètement oublié... Non seulement toutes ces pistes ne se rencontrent jamais mais elles ne sont jamais traitées avec suffisamment de rigueur et d’inventivité pour tenir la route très longtemps. Le scénario devient rapidement plein de trous, d’illogismes et d’approximations, le tout peu aidé par un manque de rythme général. S’il n’a pas peur du ridicule (souvent un bon point), le finale vient encore affaiblir le film en offrant in extremis une ultime explication inutile qui vient contredire et rendre obsolètes toutes les pistes lancées au préalable. On pensait avoir affaire à une habile histoire de manipulation mentale, la vérité est hélas plus trivialement bébête que ça.
C’est là que Masks rejoint les autres films de la compétition cités ci-dessus. Chacun de ces films part sur des bases prometteuses, mais faute de rigueur, leurs scénarios n’arrivent jamais à concrétiser leurs idées et à dépasser le stade des simples intentions; A Lonely Place To Die se voudrait survival en montagne mais ne tient sur ce registre que 40 minutes, et finit par meubler maladroitement. Cassadaga ne traite son soi-disant thème du spiritisme que lors d’une seule scène. Masks a de l’ambition, des bonnes idées mais se contente avec paresse de nous les faire miroiter avant de se conclure de manière malhabile.