Marussia

Marussia
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Marussia
France, 2013
De Eva Pervolovici
Scénario : Eva Pervolovici, Monica Stan
Avec : Dinara Droukarova
Durée : 1h22
Sortie : 21/01/2015
Note FilmDeCulte : ****--
  • Marussia
  • Marussia

Lucia, une maman russe de 35 ans, et Marussia, sa petite fille de six ans, errent dans les rues de Paris, valises en main. Elles cherchent chaque nuit un endroit où dormir au gré des rencontres et du hasard. Malgré l'incertitude et le regard désapprobateur de leurs compatriotes, la mère et la fille partagent de tendres moments. Est-ce assez pour tenir ?

MERE (IN)DIGNE

Marussia, d’Eva Pervolovici, se présente sous un titre trompeur. Marussia est en effet le prénom de la fillette éponyme : gamine russe errant avec sa mère dans les rues parisiennes, sans cesse à la recherche d’un nouveau lieu d’hébergement. Les toutes premières images sont littéralement « filmées à hauteur d’enfant », comme le veut la formule toute faite, et l’on distingue avant tout les extravagantes bottes maternelles dont l’enfant tente de copier la démarche énergique. Et pourtant l’héroïne n’est ici pas la fillette, mais sa mère. Et quelque part tant mieux, et ce pour deux raisons. D’abord car cela évite au film de flirter avec tous les pièges et clichés du film-à-enfant : émerveillement ébahi en guise de cache-misère dramaturgique, chantage aux sentiments, etc. Si le film de Pervolovici manque parfois un peu de rythme, il possède en revanche une finesse qui le distingue d’emblée des trop nombreux mauvais films avec bambins de tous pays. Le jeu de mot Marussia / ma Russie a beau être lancé par un personnage secondaire, Pervolovici fait passer les idées de cinéma avant tout éventuel « discours », et ça change beaucoup de choses.

La preuve? Ce personnage de mère est justement un vrai bon personnage de cinéma, et c’est justement sa richesse qui donne au film tout son sel. Lucia (incarnée par une Dinara Drukarova enfin débarrassée des rôles de potiches bougonnes que lui offre régulièrement le cinéma français) est à la rue mais garde la tête haute. Habillée de couleurs criardes dans le gris automnal, elle est à la fois fantasque et fière, aimante et pas toujours aimable. Lucia n’hésite ni à s’incruster sans chichi chez autrui, ni à refuser parfois l’aide bienveillante qu’on lui apporte, telle une version légère (enfin pas tant que ça non plus) de Mona, l’héroïne de Sans toit ni loi. Lucia veut bien d’un logement social mais ne veut pas pour autant s’empêcher de dormir avec son amant : sa fierté et sa gaieté sont tantôt un masque derrière lequel s’abriter, tantôt une arme capable d’abattre les murs. Et de fait, les paradoxes de sa personnalité ne la condamnent jamais aux yeux de sa fille, ni aux yeux de la réalisatrice. Voilà de quoi rendre ce parcours familial parfois si émouvant sans jamais être manipulateur, réaliste sans être misérabiliste.

par Gregory Coutaut

Commentaires

Partenaires