Marie-Jo et ses deux amours

Marie-Jo et ses deux amours
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Marie-Jo et ses deux amours
France, 2002
De Robert Guédiguian
Scénario : Robert Guédiguian, Jean-Louis Milesi
Avec : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Julie-Marie Parmentier
Durée : 2h09
Sortie : 26/06/2002
Note FilmDeCulte : ****--

Marie-Jo aime profondément et sincèrement deux hommes : Didier son mari et Marco son amant. Cette histoire à trois, impossible et sans issue, elle décide néanmoins de la vivre. Elle refuse de choisir entre ses deux amours.

Après le très noir La Ville est tranquille, Robert Guédiguian, le cinéaste de l'Estaque abandonne la politique pour s'intéresser à l'intime sans oublier bien sûr de filmer Marseille comme plus personne n'ose le faire. Marie-Jo et ses deux amours pourrait n'être qu'un drame romantique de plus avec son scénario de vaudeville éventé, une femme, son mari à la maison et son amant dans le placard sans le talent de l'auteur de Marius et Jeannette, cinéaste du regard, capable de magnifier les rapports humains, de sublimer la vie de gens simples pour toucher la part d'humanité qui est en nous. Marie-Jo est une femme modèle, presque une "icône" populaire, militante et aimante, compréhensive et humaine. Son seul pêché, sa malédiction: aimer deux hommes. Intensément, éperdument, à la folie.

Daniel, son mari est un chef d'entreprise généreux. Marco, son amant est un ancien marin au long cours mystérieux. Elle aime le second autant que le premier mais se heurte peu à peu à l'extrême possessivité de l'Homme. L'installation de l'histoire est magnifique. En quarante minutes virtuoses, Robert Guédiguian tisse le cruel dilemme par petites touches sans jamais sombrer dans la sur dramatisation, les larmes et les cris. Il montre l'amour et le sexe dans une même sarabande de musiques et d'images, de séquences qui se mélangent en de magnifiques fondus enchaînés. L'utilisation de chansons populaires - jamais France Gall ou Aphrodite’s Child n'ont été aussi poignant - renforce la dramaturgie et l'on éprouve de la compassion pour les trois personnages centraux, toujours justes, jamais caricaturaux.

Le trio d'acteurs est extraordinaire: Jean-Pierre Darroussin sublime en mari cocufié qui aime tant son petit bout de femme qu'il n'ose la perdre à jamais, Gérard Meylan, Marco véritable bloc mystérieux, faible lui-aussi devant l'amour qu'il n'a jamais connu, et bien sûr Ariane Ascaride, inoubliable Marie-Jo, filmé avec amour par son cinéaste de mari, Robert Guédiguian. Marie-Jo et ses deux amours ne tient pas, hélas, toutes les promesses de sa première heure. Le récit s'enlise peu à peu, les seconds rôles demeurent trop caricaturaux - la fille butée, le malade philosophe - et la durée du film, près de 2h10 paraît excessive comme si Robert Guédiguian aimant trop ses personnages n'avait pas osé s'en séparer. Même si le rythme du film s'essouffle, certaines scènes demeurent magiques: Marie-Jo chantonne "je suis malade" à son amant Marco avant que tout bascule de nouveau, Daniel hésite à se jeter à la mer après avoir rencontré l'amant de sa femme et bien sûr cette fin brutale et surprenante.

par Yannick Vély

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Ariane Ascaride

César de la meilleure actrice pour Marius et Jeanette, Ariane Ascaride est l’héroïne de tous les films de son mari. Parallèlement aux tournages de Guédiguian, on la retrouve deux fois chez Dominique Cabréra (Nadia et les hippopotames, 1999 et L’Autre côté de la mer, 1996), Gérard Mordillat (Vive la sociale, 1983) et Olivier Ducastel (Ma vraie vie à Rouen, 2001 et Drôle de Félix, 1999).

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