Mariage à la grecque

Mariage à la grecque
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Mariage à la grecque
My Big Fat Greek Wedding
États-Unis, 2003
De Joel Zwick
Scénario : Nia Vardalos
Avec : Michael Constantine, John Corbett, Joey Fatone, Lainie Kazan, Andre Martin, Nia Vardalos
Durée : 1h35
Sortie : 05/02/2003
Note FilmDeCulte : ****--

Etouffée par un père grec "possessif-hyper-macho", une mère grecque obsédée par le taux de natalité familial et une grand-mère grecque convaincue que le conflit greco-turc est toujours d'actualité, Tula a bien du mal à imposer sa personnalité. L'épanouissement la gagne enfin lorsqu'elle trouve l'amour en la personne d'un Américain.

"Petit film indépendant deviendra grand", telle pourrait être la devise du film de Joel Zwick, Mariage à la grecque, qui fut un triomphe absolu aux Etats-Unis. Pourquoi ce film, certes sympathique, mais dénué de toute valeur cinématographique profonde connaît-il un engouement si prononcé outre-Atlantique? Il semblerait qu'en cette période trouble que traversent actuellement les USA, les spectateurs aient plaisir à voir une histoire simple où deux nationalités cohabitent sans souci; où un regard privé de toute ironie, de toute critique règne du début à la fin. A la base, ce métrage raconte pourtant les difficultés que rencontre une jeune femme grecque étouffée par sa famille et son physique ingrat. Il s'agit donc d'un sujet susceptible d'être aisément tourné en dérision, d'autant plus que ce film s'inscrit dans la lignée des comédies caricaturales, au même titre qu'un Joue-la comme Beckham. Malgré cela, aucune critique ne transparaît, et tous les problèmes sont résolus les uns après les autres sans fausse note, avec une facilité désarmante.

Tula est la dernière célibataire de la famille, travaillant toujours dans le restaurant familial. Cette trentenaire potelée, mal fagotée, qui se cache derrière d'énormes binocles, choisit pour option de passer inaperçue. Poussée par la rencontre d'un bel Américain, elle décide enfin de se prendre en main pour concrétiser ses ambitions. Les sketchs qui pourraient découler des difficultés survenues s'étiolent trop rapidement. La transformation soudaine et rapide de la jeune fille par exemple, ne laisse pas le temps d'être appréciée. De même, lorsque s'ensuit la période de séduction entre le beau gosse américain et Tula, le réalisateur fait le choix d'ôter tout quiproquo possible, négligeant par la même occasion la touche de sarcasme croustillant. Tout enjeu est ignoré. Le récit devient alors trop linéaire, trop simple, sans embûche, ce qui prive le film de certaines scènes comiques évidentes. Notons également que les difficultés adjointes a la mixité des religions sont résolues en très peu de temps, faisant perdre de son souffle à l'histoire et amplifiant surtout la platitude du récit.

Si le scénario manque d'audace, le résultat final n'est cependant pas dépourvu d'humour. Les personnages évoluent dans un environnement cocasse et divertissant qui ne manque pas de drôlerie. La famille grecque est extraordinairement reconstituée. Les parents, grecs jusqu'aux bout des ongles, la soeur pondeuse, les oncles et tantes plus que loufoques forment un groupe certes envahissant mais d'autant plus amusant. Chaque personnage a sa place, notamment grâce au ton juste des comédiens (grecs pour la plupart). De plus, le réalisateur reconstitue quelques comiques de situation dépendant directement des traditions grecques observées par les beaux-parents américains, autant de scènes souvent hilarantes. Le scénario n'est pas toujours assez cinglant, mais au final, que peut-on reprocher à ce récit: que tout soit trop tranquille et se passe invariablement bien? Cette complaisance privilégiée par le réalisateur assure finalement au spectacle le minimum syndical (les gags sont drôles, les personnages sympathiques) mais témoigne également d'un manque flagrant d'audace, qui donne alors à l'ensemble un caractère par trop insipide.

par Yannick Vély

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