Mari Iyagi
Corée du Sud, 2003
De Lee Sung-Gang
Scénario : Seo Mi-Ae, Kang Soo-Jung, Lee Sung-Gang
Avec : Lee Byung-hun, Gong Hyung-Jin
Photo : Kwon Keun-Wook
Musique : Lee Byeong-Woo
Durée : 1h20
Sortie : 28/05/2003
A Séoul, deux amis de longue date, éloignés par leur carrière professionnelle, fêtent leurs retrouvailles. Quand Joon-ho remet à Nam-woo une bille cassée, celui-ci replonge instantanément dans ses souvenirs d’enfance: le village de pêcheurs, les journées de farniente, Yo le chat errant et la bille phosphorescente abritant une mystérieuse jeune fille.
VOISIN VOISINE
Mari Iyagi a tout pour plaire: un graphisme éthéré du plus bel effet, un cadre extatique enveloppé de teintes pastel, une évocation émue et émouvante de l’enfance. Le principal défaut du film n’incombe ni à son auteur, ni à sa réalisation consciencieuse. Mari Iyagi tient son handicap de causes extérieures: ses évidentes similitudes avec les œuvres des vétérans Takahata et Miyazaki. L’héritage et l’influence du duo de prestidigitateurs le plus célèbre de la planète animation pèsent sur chaque cube synthétique de Mari Iyagi. Le film souffre du symptôme "existe déjà…", conjugué à son appendice fatal: "…en mieux". La chronique familiale, les étendues de verdure, les élans nostalgiques ou les rebonds oniriques marchent droit sur les plates bandes de La Petite Sorcière, de Mimi o Sumaseba (Les Murmures du cœur), d’Omohide Poroporo (Souvenirs goutte à goutte) jalousement mis sous scellés par Buena Vista, et bien sûr de l’inoxydable Mon Voisin Totoro, recommandé en cure anti-cafard toute l’année, à raison de dix cuillérées par jour. Consulter le répertoire du studio Ghibli, concentré d’euphorisants, suffit à remettre les pendules à l’heure; la concurrence n’a pas fini de cravacher. Il serait néanmoins injuste et malhonnête de faire le procès de Mari Iyagi sur ces seules comparaisons boursouflées. S’il ne distance pas encore ses aînés, Lee Sung-Gang s’en approche à grandes foulées.
LA BEAUTE DU GESTE
Mari Iyagi auréole une carrière déjà prolixe en courts métrages et cédéroms. En dépit de quelques scrollings saccadés, la mise en espace et le raffinement chromatique témoignent d’une indéniable habileté. Jusque-là cantonnée à la sous-traitance d’œuvres étrangères, l’animation coréenne s’émancipe peu à peu et connaît le même sursaut que son homologue français. Après le cinéma coréen et le manhwa - invité d’honneur du dernier festival d’Angoulême -, tous les yeux se tournent vers l’animation coréenne, plaque tournante des grands projets de demain. Un partenariat avec le studio Aardman, responsable des Wallace et Gromit, semble d’ores et déjà avoir été conclu. Récit dédié aux rêves et au difficile passage à l’âge adulte, Mari Iyagi imite la structure éclatée du souvenir. Les réminiscences se superposent les unes aux autres sans réel fil conducteur. Les saynètes de la vie quotidienne répondent aux mirages du songe, en laissant un reste d’amertume. Mari Iyagi révèle le Beau en toute chose, des perles de neige aux jeux sous-marins, des apparitions muettes de ladite Mari aux bourgeons prêts à éclore. Défaut de rythme ou d’éparpillement, l’intrigue appauvrie par des redondances, ne s’aventure guère au-delà de sa surface paisible. L’absence douloureuse du père, la famille recomposée apparaissent comme de simples béquilles narratives. A trop contempler son vernis, Mari Iyagi en oublie de tâter davantage le fond.