Découvertes FilmDeCulte: El Mar la mar

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Mar la mar (El)
États-Unis, 2017
De Joshua Bonnetta, JP Sniadecki
Durée : 1h34
Note FilmDeCulte : *****-
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Le soleil tape sur tous ceux qui s'aventurent dans le désert de Sonora, entre le Mexique et les États-Unis. Ce sont les immigrants les plus pauvres qui tentent la traversée de cette zone extrêmement dangereuse...

LES PRISONNIERS DU DÉSERT

Le Canadien Joshua Bonnetta et l'Américain J.P. Sniadecki (lire notre entretien) viennent davantage de l'art vidéo que du cinéma traditionnel et leur long métrage intitulé El Mar la mar pourrait effectivement être projeté dans une galerie d'art contemporain. Ce n'est pas un jugement de valeur ni une volonté de poser des étiquettes, mais une observation face à cet objet expérimental qui pourtant, à partir d'une certaine abstraction, se fait peu à peu narratif. Bonnetta et Sniadecki ont planté leur caméra dans le désert de Sonora, une zone extrêmement dangereuse que tentent de traverser les plus démunis des immigrants.

On ne distingue d'abord que les contours des premières images de El Mar la mar. Des feux filmés de très loin ressemblent d'abord à des étoiles accrochées dans le ciel. Une séquence reste entièrement accrochée à la torche tenue dans le noir. La caméra ne semble jamais au bon endroit... mais elle trouve justement la bonne distance pour ne pas installer le spectateur. Le décor se dessine sous toutes ses formes, Bonnetta et Sniadecki en proposent une cartographie impressionniste.

Les récits des survivants se font, pour la plupart, sur des écrans noirs. El Mar la mar semble se questionner sur la façon d'être plus attentif au lieu et aux conditions, et plus sensible aux expériences par de purs moyens de cinéma: l'image, le son, le temps, le mouvement. Et il y a aussi pourtant quelque chose de très concret dans cet espace dont on explore même les crevasses. Dont on croise la faune, comme un nuage de chauves souris. Il y a une monotonie, tranquillité trompeuse dans ce train qu'on regarde passer. Il y a une violence aussi, évidente. L'horizon obsédant semble toujours être un ennemi. Des objets ordinaires sont abandonnés dans le désert, par des anonymes qui ne sont peut-être plus que des fantômes. Et si El Mar la mar est hanté, c'est dans le sens le plus noble du terme.

par Nicolas Bardot

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