Maléfique

Maléfique
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Maléfique
France, 2003
De Eric Valette
Scénario : Alexandre Charlot, Franck Magnier
Avec : Didier Bénureau, Clovis Cornillac, Gérald Laroche, Philippe Laudenbach, Dimitri Rataud
Durée : 1h30
Sortie : 07/05/2003
Note FilmDeCulte : ****--

Quatre détenus partagent la même cellule: Carrère, ex-chef d’entreprise, Marcus, transsexuel, Pâquerette, simple d’esprit et Lassalle, ancien professeur. Un jour, ils découvrent un livre caché dans l’un des murs de la cellule. Il s’agit du journal d’un prisonnier, Danvers, occupant de la cellule au début du 20e siècle. Un livre qui semble détenir d’étranges pouvoirs…

Huis-clos carcéral, puisqu’on ne sort (presque) jamais des murs de la cellule, Maléfique est aussi et surtout un film fantastique. D’une histoire classique de découverte d’un objet aux pouvoirs dangereux, Eric Valette fait une série B maligne. Le manque de moyens évident dont dispose le film est alors compensé par l’inventivité du réalisateur et des scénaristes. Les dialogues sont savoureux et l’intrigue savamment dosée, avec une maîtrise du rythme remarquable. L’économie des effets spéciaux les rend d’autant plus spectaculaires lorsqu’ils font enfin leur apparition. Bref, on ne s’ennuie pas. L’introduction de l’élément fantastique, la découverte de ce journal, se fait dans la continuité. L’évasion sous toutes ses formes, qui était déjà la préoccupation principale des prisonniers, peut alors prendre corps. Les pulsions destructrices sont libérées. Une nouvelle forme d’aliénation mentale se substitue à celle due à l’enfermement. La folie et l’obsession prennent le dessus définitivement. Le spectateur, enfermé qu’il est depuis le début dans cette cellule aux côtés des protagonistes du film, en devient le témoin privilégié.

Mais le moteur principal du film reste les interactions entre les personnages. Car Maléfique est la rencontre de quatre personnalités très différentes, presque antagonistes. Celles-ci sont très caractérisées, à la limite du caricatural, ce qui ne pose pas forcément de problèmes dans le cadre balisé d’un film de genre. Dans ce contexte il convient de signaler la performance de Clovis Cornillac en voyou transsexuel à la virilité décalée, adepte de la musculation comme du câlin tendre avec son co-détenu adoré. Il évite brillamment l’écueil du ridicule qui pourtant lui tendait les bras. La tonalité du film peut cependant surprendre. Certains éléments de comédie sont introduits brutalement (les personnages de Pâquerette et de Picus) alors que les anti-héros font des découvertes sordides et des expériences tragiques qui ne prêtent pas vraiment à rire. Ce manque de cohérence est sans doute l’une des faiblesses de Maléfique. Eric Valette signe toutefois un petit film de genre sympathique, qui fait plus que bonne figure au vu de la piètre qualité de la production hexagonale dans la catégorie ces derniers temps.

par Yannick Vély

En savoir plus

Les scénaristes du film, Franck Magnier et Alexandre Charlot, sont des anciens auteurs des Guignols de l’Info. Le film a été développé au sein de Canal+ Ecriture et est l’un des "Bee Movies", dont les précédents avatars (Jeux d’enfants, Bloody Mallory, Requiem) étaient particulièrement navrants. Eric Valette a lui aussi travaillé pour Canal+, pour qui il a réalisé de nombreuses émissions dont certains sketches des Guignols.

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