Maison de sable (La)

Maison de sable (La)
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Maison de sable (La)
Casa de areia
Brésil, 2005
De Andrucha Waddington
Scénario : Andrucha Waddington
Avec : Ruy Guerra, Fernanda Montenegro, Fernanda Torres
Durée : 1h43
Sortie : 20/12/2006
Note FilmDeCulte : ****--

Perdues dans les dunes du nord du Brésil, trois générations de femmes vont lutter contre les forces de la nature, et surtout contre le sable qui, inéluctablement, envahit leurs maisons. Avec le temps, elles comprendront qu'il a aussi forgé leur destin.

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Toute La Maison de sable pourrait être résumée dans son premier plan: vaste étendue de sable, colorant de nuances de blanc, de jaune et de bleu toute la surface du Scope, splendeur géométrique du cadre segmenté d'une sauvage courbe horizontale, puissance du vent, beauté hostile de la nature... Une caravane surgit bord cadre, fourmis sur l'infinie dune, et entreprend de traverser le champ, à la vitesse que les éléments lui autoriseront d'adopter. La Maison de sable prend son temps, mais à vive allure: passer d'un hors-champ à l'autre, c'est déjà voyager des jours durant à travers le désert. Qu'on y ajoute la magie du montage et la force de l'ellipse, et nous voici prêts à suivre, d'un pas lent et à cent à l'heure, les trois générations d'une ambitieuse fresque romanesque, généreuse et ensablée. Ainsi chemine le film d'Andrucha Waddington, de piste narrative en piste narrative (communataire, solitaire, familiale, de survie, d'évasion, et tout à la fois...), combattant farouchement le confort world cinema du beau paysage et de ses gentils indigènes.

La carte postale des lagons paraît inévitable, mais son hostilité surpasse vite sa seule beauté picturale: cheveux secs, peaux tannées, vêtements usées, bâtisses croulantes, sont les conséquences logiques et jamais honteusement dissimulées, d'une terre rude où le moindre déplacement se minute en jours de marche. La grâce de Waddington tient justement en ce qu'il ne se contente pas du gigantisme de sa trouvaille géographique (une éblouissante réserve écologique de 155 000 hectares, située dans l'Etat de Maranhão), mais s'attache au contraire à l'intime de ses personnages au sein du grandiose des décors, bien épaulé en cela par une écriture brillante et un impressionnant duo d'actrices. Fernanda Montenegro et Fernanda Torres se passent en effet le flambeau des époques avec une aisance mimétique qui force le respect et pourrait presque se passer de maquillage. Et lorsque, pour la dernière séquence, l'une et l'autre outrepassent leur âge, le temps, encore, est alors palpable. Jusqu'au dernier grain du sablier.

par Guillaume Massart

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