La Maison au toit rouge
Chiisai Ouchi
Japon, 2014
De Yoji Yamada
Durée : 2h15
Sortie : 01/04/2015
Japon, 1936. Taki quitte sa campagne natale pour travailler comme bonne dans une petite maison bourgeoise en banlieue de Tokyo. C’est le paisible foyer de Tokiko, son mari Masaki et leur fils de 6 ans. Mais quand Ikatura, le nouveau collègue de Masaki, rentre dans leurs vies, Tokiko est irrésistiblement attirée par ce jeune homme délicat, et Taki devient le témoin de leur amour clandestin. Alors que la guerre éclate, elle devra prendre une terrible décision. Soixante ans plus tard, à la mort de Taki, son petit neveu Takeshi trouve dans ses affaires une enveloppe scellée qui contient une lettre. Il découvre alors la vérité sur ce secret si longtemps gardé.
DANS LA MAISON
Yoji Yamada, 82 ans, près de 80 films au compteur, et un quasi-inconnu en France où rares sont ses films à être sortis. C’est pourtant la 5e fois qu’il figure en compétition de la Berlinale, et il y était encore l’an passé hors compétition avec Tokyo Family. Yamada s’en amuse d’ailleurs en interview : « Je ne sais pas ce que la Berlinale me trouve, Cannes et Venise n’ont jamais eu rien à faire de mes films ! ». Son nouveau long métrage, La Maison au toit rouge, est un mix de shoshimin eiga (film de la classe moyenne) et de home drama (ou homu dorama en « japonais ») qui se déroule à la veille puis pendant la Seconde Guerre Mondiale. Une grand-mère qui était alors une jeune bonne réunit ses souvenirs et les secrets dont elle a été témoin.
La guerre vue d’un salon : le principe de La Maison au toit rouge rappelle celui de Kabei, splendide mélo de Yamada où les affrontements sont vécus à travers les yeux d’une mère qui ne quitte pas sa maison. Il y a un plan réellement magnifique dans The Little House où ce qui jusqu’ici n’est que raconté et suggéré contamine l’image : la petite maison en question façon maquette, entourée de pétards et feux d’artifice pour figurer les bombardements. C’est ainsi que le film fonctionne : par déplacement, utilisant l’artifice pour raconter l’expérience indicible de la guerre et des déchirements qu’elle a causés. Pas de spectacle guerrier galvanisant mais une romance délicate, avec cette maison qu’on ne serait pas surpris de croiser dans une ville de Sylvanias, et où la touche « studio » apporte un charme fou. C’est aussi une façon de faire marcher un imaginaire de cinéma : la vieille femme qui réécrit l’histoire en assurant ne pas la fantasmer (mais pourquoi pas ?), ou la reconstitution du Tokyo d’époque à travers des anciennes photos en noir et blanc. Si certains passages sont certainement plus cheesy, La Maison au toit rouge se distingue également par le style intemporel de son réalisateur.
En savoir plus
La Maison au toit rouge est diffusé ce vendredi 28 novembre à la Maison de la Culture du Japon à Paris, dans le cadre du Festival Kinotayo.