Maggie a un plan
Maggie's Plan
États-Unis, 2016
De Rebecca Miller
Scénario : Rebecca Miller
Avec : Greta Gerwig, Ethan Hawke, Julianne Moore
Durée : 1h32
Sortie : 27/04/2016
Maggie, trentenaire, éternelle célibataire et new-yorkaise, a bien l’intention de faire un bébé toute seule, mais elle rencontre John, professeur anthropologie et écrivain en devenir, dont elle tombe immédiatement amoureuse.John, lui, n’est pas très heureux en mariage avec la tumultueuse Georgette qui ne vit que pour sa carrière. Il la quitte pour Maggie, qui attend désormais un bébé, mais après quelques années de vie commune, Maggie a un autre plan en tête et aimerait jeter à nouveau John dans les bras de Georgette…
VOILA MAGGIE
Manhattan, ses cafés branchés, ses intellectuels gentiment névrosés et leur marivaudages amoureux... On a l’impression de déjà bien connaître la plaisante carte du tendre dessinée par Maggie a un plan. A la fois égérie et symbole de ce type de comédies, Greta Gerwig reprend d’ailleurs ici ce qui parait être son rôle habituel : la hipster attachante et larguée, irrésistible et insupportable, toujours en décalage avec un monde auquel elle cherche maladroitement à prendre part. Un registre tellement précis qu’on dirait une niche, dans laquelle la comédienne excelle une fois de plus. Le rôle lui va comme des chaussons, mais on commence à souhaiter voir son talent s’exprimer dans des emplois peut-être moins prévisibles.
Bien que le film ait l’air de cocher toutes les cases de la définition, Maggie a un plan n’appartient pas directement à la petite famille du mumblecore (voir les films d’Alex Ross Perry ou de Noah Baumbach, qui ont justement fait connaître Greta Gerwig). La réalisatrice Rebecca Miller (Les Vies privées de Pippa Lee) a un œil plus carré, peut-être plus hollywoodien. La mise en scène et l’écriture obéissent à un cadre un peu plus convenu. Il y a pourtant dans cette galerie de personnages - qui cherchent pathétiquement à faire le bonheur des autres contre leur gré - comme un écho des manipulations amoureuses du Conte de Printemps de Rohmer, mais Maggie a un plan conserve un cap un peu trop bon enfant pour embrasser pleinement le potentiel cruel d’une telle situation. Le meilleur du film se trouve dans son casting, notamment dans le personnage de garce de Julianne Moore, glaciale à souhait (c'est d'ailleurs elle qui hérite des meilleurs gags). On se surprend à penser des étincelles supplémentaires que Moore et Gerwig aurait pu donner si le scénario déraillait ne serait-ce qu’un peu plus... mais avec une si plaisante compagnie, même en chaussons, la balade new-yorkaise reste un petit plaisir sympathique.