Lumières d'été
France, 2017
De Jean-Gabriel Périot
Durée : 1h23
Sortie : 16/08/2017
Akihiro, réalisateur japonais, vient de Paris, où il vit, interviewer à Hiroshima des survivants de la bombe atomique. Profondément bouleversé par ces témoignages, il fait une pause et rencontre dans un parc une étrange jeune femme, Michiko. Petit à petit, il se laisse porter par la gaîté de Michiko et décide de la suivre pour un voyage improvisé à travers la ville, jusqu'à la mer.
LA FLAMME FANTÔME
« Je ne sais pas trop quoi dire », avance timidement Mme Takeda, survivante d'Hiroshima qui témoigne lors de l'impressionnante première séquence de Lumières d'été. Elle avait 14 ans à l'époque, lorsque cette explosion a détruit la ville et découvert les montagnes, lorsque l'enfer (et c'est bien le mot employé) s'est abattu sur ses habitants. Mme Takeda fait un témoignage essentiel, encore plus aujourd'hui, en cette période d'excitation nucléaire. Elle fait part, d'une voix retenue, de visions horrifiques, parle de l'eau rendue rouge d'un fleuve dans lequel les brûlés se jettent et se noient. « Ils erraient comme des fantômes... des fantômes. ».
Il est beaucoup question de fantômes dans Lumières d'été, second long métrage de Jean-Gabriel Périot après le documentaire Une jeunesse allemande et de nombreux courts métrages. Il s'agit cette fois d'une fiction sur les fantômes d'Hiroshima. La première scène sonne comme un documentaire – mais si cette ouverture est très documentée, elle est belle et bien jouée. La vie reprend ses droits, comme l'indique Mme Takeda, comme la fiction reprend ses droits sur le documentaire en fil de film. Cette greffe délicate, cette forme hybride crée un beau décalage tout en illustrant les différentes façons de raconter Hiroshima. Et raconter, comme on l'entend dans Lumières d'été, c'est « une façon de se battre ».
La promenade que retrace ensuite Lumière d'été se déroule en ville, ses personnages réinvestissent Hiroshima. La lumière est douce mais parvient malgré tout à éclairer ce qui reste invisible, à l'image hier des os et vêtements qui ont refait surface au gré des marées. « Il y a un temps pour le souvenir et le deuil, et un temps pour le retour au réel », commente le réalisateur. C'est ce qu'illustre ce très beau et poignant Lumières d'été, qui est complété par le puissant court métrage 200.000 fantômes également signé Jean-Gabriel Périot : un diaporama de 10 minutes dans lequel défile de nombreuses photos, à travers les années, du Dôme de Genbanku, avant, pendant et après Hiroshima.