Ludivine
Un réalisateur de films pornographiques part en Corse avec son équipe pour un nouveau tournage. Dégoûté par la vie et par son métier, il décide de se jeter du haut d'une falaise à la fin du tournage. Un ange, Ludivine, est envoyé sur Terre pour l'empêcher de se suicider.
On avait laissé John B. Root exsangue, déprimé par l’état du cinéma X en France et le peu de latitudes laissées aux vrais artisans du genre par les pouvoirs publics. De moins en moins bandant (en raison notamment de scènes de sexe très courtes), son cinéma se faisait au contraire plus amer, mais également plus profond, comme en témoigne l’excellent (In)korrect, dernier film à ce jour du réalisateur jusqu’à ce Ludivine. Entre ces deux films, quatre années faites d’errance, de tentatives pour monter un modèle financièrement viable ; quatre années de castings sur le net, de réalisations de modules vidéos visionnables sur ses divers sites, et de digressions sur son excellent blog. Avec ce Ludivine, disponible aujourd’hui dans une édition DVD non censurée (le film est présenté dans un montage plus long que celui proposé lors de sa diffusion sur Canal+) John B. Root revient à son plus haut niveau, atteignant presque la beauté et l’humour de French Beauty, son chef d’œuvre et sans doute le meilleur film de l’Histoire du cinéma X français. Navigant entre humour (toujours le même sens des dialogues et des situations), candeur (l’habituel discours sur le sexe qui peut sauver le monde), kitch (les effets-spéciaux) et parfois émotion (l’évolution du personnage principal), cette variation sur le thème de La Vie est belle de Capra est une nouvelle perle, sans doute imparfaite, mais qui vient prouver une fois de plus que malgré un budget anémique, un tournage limité à sept jours, et des acteurs habituellement considérés comme du bétail, certains parviennent à livrer un bon film. Et comme en plus, les scènes de sexe sont excellentes !…