Lucky Day

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Lucky Day
États-Unis, 2019
De Roger Avary
Scénario : Roger Avary
Avec : Clifton Collins Jr, Crispin Glover, Tomer Sisley
Photo : Brendan Steacy
Musique : - Tomandandy
Durée : 1h35
Sortie : 18/09/2019
Note FilmDeCulte : *-----
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C’est le grand jour, Red sort de prison, après avoir purgé deux ans pour un braquage de banque qui s'est soldé par la mort de son complice. Il retrouve sa femme Chloé qui l’a attendu tout en élevant seule leur fille Beatrice. Le même jour, Luc, le frère de son ancien complice, tueur à gages et psychopathe notoire, débarque assoiffé de vengeance et avec la ferme intention de l'éliminer…

AU RUVOIR, MUSSIEURE AVARIE !

« Il est de retour, l'ange s'est envolé. » Les aficionados du football français reconnaîtront probablement ces mots,et il n'est pas impossible de les réutiliser pour évoquer le retour au cinéma d'un certain Roger Avary. Co-scénariste de Pulp Fiction, scénariste de Silent Hill ; mais aussi réalisateur des Lois de l'attraction et surtout de Killing Zoe, le prolifique Américain vit sa carrière solo s'arrêter brutalement au beau milieu des années 2000, après avoir causé accidentellement la mort d'un de ses amis. Sa peine de prison purgée, il ne fallait que feu Samuel Hadida pour le relancer dans le circuit cinématographique. Sort alors Lucky Day, suite indirecte de Killing Zoe sans Quentin Tarantino derrière son ex-colocataire, qui concentre un casting tout droit sorti du début du siècle – Crispin Glover en premier lieu – pour un résultat à peine plus récent, et hélas à peine décent.

Avec une volonté déclarée de s'approcher des enjeux esthétiques de Tony Scott, notamment de True Romance, Roger Avary semble n'en tirer que les simples relents. Trop daté et surtout arrivé trop tard, Lucky Day concentre dans sa diégèse les stéréotypes du thriller de rédemption fun, avec un timing comique qui a rarement été autant raté. Le long-métrage semble tenir sur ses petits artifices qui prêtent à sourire dans leurs introductions (notamment l'accent français à couper au couteau de Crispin Glover), mais qui ne vont jamais plus loin que ceux-ci. Le décalage est très régulièrement racoleur, voire grossier ; et Roger Avary, cloîtré dans sa posture de détonateur de son propre récit, préfère s'amuser à tout sacrifier sur l'autel de l'irrévérence et du white trash, en lieu et place de prendre au sérieux ses minimes enjeux.

Si le récit n'est en aucun cas convaincant et pousse Lucky Day vers la chute libre, son deuxième acte, summum du mauvais goût du long-métrage, semble avoir découvert le fond du ravin. Proche de son protagoniste gentil mais désintéressé par le travail de sa femme artiste, Roger Avary travaille son cynisme à travers une horde critique prête à se déchaîner dans sa diégèse. Si certains se sont amusés du journalisme comme relais moderne qui peut paraître se parler à lui-même et à lui seul (le personnage de John C. McGinley dans L'enfer du dimanche en est un parfait exemple), ici cette fange critique sans cesse sceptique est balayée par des aphorismes stupides, légitimés par la bêtise assumée du film. Le manque de sérieux de chaque élément associé à un côté punk démodé et un casting pas toujours concerné pas aidé par une affreuse inconsistance d'écriture rend le film très anachronique et très peu amusant, tellement son auteur ne semble pas comprendre la limite même de son dispositif, qui nonobstant son jusqu'au-boutisme frelaté, en a plus d'une. Pas besoin d'épiloguer davantage : pour un film comme celui-ci, le grand retour de Roger Avary n'était pas utile.

par Tanguy Bosselli

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