Lou et l'île aux sirènes
Yoake Tsugeru Lu no Uta
Japon, 2017
De Masaaki Yuasa
Durée : 1h40
Sortie : 30/08/2017
Kai vit dans une petite ville de pêcheurs où il tue le temps en faisant de la musique électronique. Ces créations vont l’amener à se lier d’amitié avec Lou, une sirène attirée par sa musique. De fil en aiguille, son existence qui devait rester secrète se retrouve bientôt être révélée à tous les habitants. Malheureusement, certains voient en elle un signe annonciateur de catastrophes à venir...
LE CHANT DE LA SIRÈNE
Réalisateur entre autres du culte Mind Game, Masaaki Yuasa a remporté le Cristal du meilleur long métrage à Annecy pour son nouveau film, Lou et l'île aux sirènes. Les prémices de ce conte au bord de l'eau ont quelque chose d'un Ponyo sur la falaise mais le style est assez éloigné de Hayao Miyazaki, ombre géante à laquelle on se réfère beaucoup en France dès qu'il s'agit de parler de quoi que ce soit venant de l'animation japonaise. Il y a un aspect immédiatement adorable dans Lou et l'île des sirènes, dans ses séduisantes couleurs, son style enfantin. Mais rien, pourtant, n'est lisse ici. Masaaki Yuasa a recours à différents types d'animation qui rendent son film très dynamique visuellement, les styles hétérogènes se côtoient et expriment à merveille le grain de folie qui circule dans ce récit.
Car derrière ce côté absolument mignon, il y a ici un imaginaire débridé, totalement WTF, qui fait écarquiller les yeux. Il n'y a bien sûr pas de règles mais c'est aussi pour ça qu'on regarde du cinéma d'animation - et avec ce Lou, on en prend certainement plein les yeux. Les portes du générique farfelu s'ouvrent sur une héroïne sirène mi-creepy mi-goofy à voix de Chipmunk, et le film contient peut-être la meilleure (et plus improbable) scène de chiens depuis White God de Mundruczo.
Dans ce décor de petit ville croquée de façon réaliste, le réalisateur a une attention particulière pour les parcs d'attractions abandonnés, pour ces lieux où s'éveillent les créatures légendaires mais aussi... pour la jpop. Si le dernier tiers du long métrage est peut-être plus laborieux, le film est traversé par une fantaisie permanente qui fait de Lou et l'île aux sirènes un spectacle à la fois délicieux pour les plus jeunes et assez jubilatoire pour les plus grands.