Long Way Home
États-Unis, 2002
De Peter Sollett
Scénario : Peter Sollett
Avec : Altagracia Guzman, Judy Marte, Sylvestre Rasuk, Victor Rasuk, Krystal Rodriguez
Durée : 1h28
Sortie : 02/07/2003
Victor, dix-sept ans, dents et pectoraux en avant, drague avec son pote Hector les jeunes filles à la piscine. Chez lui, il se bat sans cesse contre une soeur obèse toujours assise devant le poste de la télévision et sert de modèle malgré lui à son petit frère au grand dam d’une grand-mère acariâtre.
Après un court métrage remarqué, Five Feet High and Rising, primé par la Cinéfondation à Cannes, le jeune cinéaste new-yorkais Peter Sollett retrouve ses jeunes acteurs amateurs du Lower East Side, un quartier désoeuvré de la Big Apple pour un premier long métrage chaleureux marqué par l’influence de John Cassavetes. A contre-courant d’un jeune cinéma américain très formaliste, il filme sans emphase ni misérabilisme le passage à l’âge adulte d’un jeune ado d’origine portoricaine. Par petites touches comiques et dramatiques, sans jamais forcer le trait, il capte les tourments et les émois qui marquent la fin de l'adolescence de Victor et la naissance de son premier véritable amour, celui qu’il éprouve pour la belle et méfiante Judy. Pudique, Peter Sollett refuse de filmer la chair. Il préfère mettre en scène ce qui se passe avant l’acte: la parade amoureuse, les regards, les sourires, les petits pas précipités, les tentatives avortées, les échecs prometteurs. Harcelée sans cesse par les garçons, Judy repousse avec mépris le malheureux Victor. Pourtant le courage et la maladresse de ce petit Don Juan la troublent et l’attirent irrésistiblement. Melonie sa meilleure amie a bien fini par céder aux avances insistantes de Harold, le compagnon de jeu de Victor. La belle Judy se laisse donc peu à peu apprivoiser.
En quelques saynètes souvent hilarantes, Peter Sollett réussit à saisir l’amour adolescent, ses faiblesses, son innocence, sa vérité. Il ne filme jamais le plan de trop et laisse à l’écran les maladresses touchantes d’apprentis acteurs troublants de naturel. Long Way Home ne peut néanmoins se résumer à la réussite hasardeuse d’un amour naissant. Peter Sollett ne filme pas qu’un jeu de séduction. Victor doit avoir une vie palpable, une existence réelle. Pour cela, le jeune new-yorkais filme la communauté, le quartier et la famille recomposée de son héros. Le meilleur de Long Way Home est justement là, dans ces petits moments familiaux partagés, ces repas contrariés par la surveillance paranoïaque d’une mamie dépassée par la fougue de ses petits-enfants, ces gestes tendres et fraternels, Nino au réveil dans les bras de Victor, la main de Vicki posée sur l’épaule du grand frère haï et adoré à la fois, tous ces instants de vie qui font de ce premier long-métrage, un véritable enchantement au goût si enivrant de vérité. Son Grand Prix au Festival Américain de Deauville est donc amplement mérité.