Long Island Expressway

Long Island Expressway
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Long Island Expressway
États-Unis, 2002
De Michael Cuesta
Scénario : Gerald Cuesta, Stephen M. Ryder, Michael Rohatyn
Avec : Bruce Altman, Brian Cox, Billy Kay
Durée : 1h37
Sortie : 15/01/2003
Note FilmDeCulte : ***---

A quinze ans, Howie traîne son mal-être au bord de l'autoroute qui mène de Manhattan à Long Island. Avec son ami Gary, il cambriole la maison d'un mystérieux retraité de l'armée américaine surnommé Big John.

Michael Cuesta, l’un des réalisateurs de la série culte Six Feet Under, s’attaque à un sujet difficile pour son premier film, la pédophilie. Il suit les pas hésitants d’un ado au sein de la middle class américaine. Sa mère est morte, son père ne lui adresse plus la parole et baise une bimbo californienne. Sentimentalement au bord du gouffre, Howie cherche un peu d’affection. Il sèche les cours, leur préfère l’école buissonnière et fait les quatre cents coups avec Gary, petite frappe irrésistible qui vend son corps contre une poignée de dollars le long de la fameuse autoroute, menant de Manhattan à Long Island. Attirés l’un vers l’autre, les deux ados se rapprochent peu à peu. Malgré les allégations des autres jeunes qui composent la bande, Howie n’ose cependant franchir le pas. Filmée avec pudeur, cette première partie est très réussie. Michael Cuesta perçoit les doutes de l’adolescence, accompagne le désarroi de son personnage principal, joué avec un naturel confondant par Paul Franklin Dano.

Hélas, l’arrivée du troisième homme, Big John le vieux pédophile pervers, incarné avec force par l’excellent Brian Cox, brise la magie. Le récit s’essouffle et s’embourbe dans les clichés habituels: l’ex-Marines homosexuel, le jeune poète mal dans sa peau et le père absent mais qui aime son fils plus que tout. La tension retombe et le film perd de sa puissance dramatique. Le premier plan, magnifique au demeurant, annonçait une lente descente aux enfers. Par manque d’ambition, Michael Cuesta évite soigneusement de choquer, à l’exception d’une ou deux allusions graveleuses. Big John s’autoproclame roi de la pipe, Brian Cox joue de l’œillade prononcée pour séduire le gosse mais le réalisateur s’abstient de filmer la relation amoureuse qui devait logiquement se nouer. Il explique l’attirance réciproque entre Howie, quinze ans et Big John, soixante ans par le besoin de l’ado de se trouver un père de substitution. Au final, le film s’avère donc très politiquement correct. Michael Cuesta possède un vrai talent d’écriture mais passe à côté du grand film dérangeant que promettait son sujet.

par Yannick Vély

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