The Long Excuse
Japon, 2016
De Miwa Nishikama
Scénario : Miwa Nishikama
Durée : 2h04
Sortie : 29/11/2017
Sachio, romancier aussi célèbre que cynique, est marié à Natsuko mais il y a bien longtemps que leur amour s’est envolé. Yoichi est l’époux de Yuki, la meilleure amie de Natsuko. Chauffeur routier, il s’use à la tâche pour faire le bonheur de son épouse adorée et de leurs deux enfants. Les deux amies périssent brutalement lors d’un accident de bus. A l’image de leurs vies, la réaction des deux hommes sera opposée...
DES LENDEMAINS QUI DÉCHANTENT
Comme nous l'avions noté dans notre chronique de Close-Knit, sélectionné aux côtés de The Long Excuse en compétition au Festival Kinotayo, il y a d'autres femmes cinéastes japonaises cachées dans la grande ombre de Naomi Kawase. Nous vous avons parlé ces dernières années de jeunes espoirs dans des registres aussi différents que Ayumi Sakamoto (le drame Forma) ou Mari Asato (les films d'horreur Bilocation, Zero), mais Miwa Nishikawa (réalisatrice de The Long Excuse) comme Naoko Ogigami (Close-Knit) appartiennent à une autre génération qui n'a jamais été distribuée chez nous. C'est désormais le cas pour Nishikawa qui accède enfin aux salles françaises.
The Long Excuse appartient à un genre que le public français a pu apprivoiser : le mélodrame familial japonais, ici dans la lignée d'un Kore-Eda. Ce n'est peut-être pas un hasard si le ton de ce drame doux-amer, qui n'élude pas la noirceur mais dont le cœur bat fort, rappelle en partie le réalisateur de Tel père tel fils, car Nishikawa a été son assistante. Avant le drame terrible (deux amies, chacune mariée, périssent alors qu'elles partent en vacances), Nishikawa ouvre son film par une scène d'une douceur intimiste (l'une des héroïnes coupe les cheveux de son mari) mais déjà s'installe une tension entre eux. Sachio, romancier, n'a selon toute évidence que peu de considération pour son épouse. Mais le drame survient et quelle rédemption possible après ?
Nishikawa n'est pas là pour envoyer une carte postale réconfortante sur le deuil. Dans The Long Excuse, sous les cerisiers d'hanami, on a plutôt tendance à s'engueuler. Si le film envisage une possible réconciliation (avec soi-même, avec ses remords), il n'efface pas l'amertume : le silence de la solitude renvoie au silence de l'accident, et des disparues il ne reste que des photos, des cendres, un dessin sur le frigo.Nishikawa, à la fois critique et généreuse envers ses personnages masculins imparfaits, porte un regard délicat sur tout cela, ce tumulte intérieur, violent et étouffé. Idée de montage à la fois naïve et extrêmement poétique, à un plan de bulle s'élevant dans le ciel pour éclater succède un grand feu d'artifice muet. C'est en ne commentant pas trop que Nishikawa brille le plus, lorsqu'elle associe le vertige de la perte et le sens du détail comme autant de nuances dans ce poignant portrait.