Lonesome Jim

Lonesome Jim
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Lonesome Jim
États-Unis, 2005
De Steve Buscemi
Scénario : James C. Strouse
Avec : Casey Affleck, Seymour Cassel, Mary Kay Place, Liv Tyler
Durée : 1h31
Sortie : 16/11/2005
Note FilmDeCulte : ****--

De retour dans son Indiana natal après avoir raté sa carrière d'écrivain à New York, Jim rencontre une jeune infirmière, Anita. Quand son frère dépressif est immobilisé à la suite d'un accident de voiture, Jim est contraint d'aider ses parents à l'entreprise familliale.

LE BLUES DE L'ECRIVAIN

De façon assez surprenante, trois films cette année, Garden State de Zach Braff, Rencontres à Elizabethtown de Cameron Crowe et Lonesome Jim de Steve Buscemi avaient exactement le même pitch, le retour à la maison d'un jeune homme suicidaire qui se heurte aux vieux démons de son enfance, et finit par retrouver un semblant de sérénité au contact d'une présence féminine, chaleureuse et bienveillante. Si l'essai de l'acteur-réalisateur Steve Buscemi n'est pas le plus clinquant, techniquement parlant, avec l'usage d'une simple caméra DV et une mise en scène dépouillée à l'extrême, il parvient à toucher en plein cœur, grâce à la qualité de l'interprétation et son évidente sincérité. Steve Buscemi ne triche pas. Contrairement aux deux longs métrages pré-cités, Lonesome Jim n'est pas un objet aimable, au contraire. Il met parfois mal à l'aise tant son anti-héros agit parfois comme un véritable salaud égoïste qui ne pense qu'à échapper à ses responsabilités. La romance également s'avère compliquée. Anita (Liv Tyler, si belle au naturel) se laisse séduire gentiment par le frère de Jim, son rival de déprime préféré, et envahit petit à petit, avec son fils, et contre le gré de son soupirant, le cadre familial.

ENTRE GRIS CLAIR ET GRIS FONCE

L'acteur culte de Fargo aime pratiquer le contre-pied. Sa visite de l'Indiana rural n'a rien d'une carte postale et montre - chose rare aujourd'hui dans le cinéma américain - le travail à l'image. Dans Lonesome Jim, tout concourt à prendre le spectateur à rebrousse-poil, à ne pas céder à la facilité scénaristique ou narrative. Pas de voix-off explicative, pas de fantaisie absurde, pas de bande-son tonitruante, mais du quotidien pas joyeux, même tendrement mortifère. Derrière l'accueillant oncle-nounours se cache en fait un trafiquant de drogue qui n'hésite pas à mouiller sa famille au premier souci venu, le match de basket présumé héroïque tourne au fiasco d'envergure, les écrivains vénérés par Jim sont tous des ratés patentés de leur vivant... Pourtant, si Jim ne sera jamais un winner carnassier, un citoyen exemplaire, il peut devenir un type bien. Se réconcilier avec sa famille, ou tout du moins tenter de vivre avec, et prolonger le rêve d'une jeune femme qui croit en sa bonne étoile. Après deux longs métrages déjà remarqués (Happy Hour, Animal Factory), Lonesome Jim confirme la singularité d'un artiste attachant, capable de passer des superproductions hollywoodiennes lambda aux projets personnels, toujours avec la même originalité.

par Yannick Vély

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