Little Children

Little Children
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Little Children
États-Unis, 2006
De Todd Field
Scénario : Todd Field, Tom Perrotta
Avec : Jennifer Connelly, Jackie Earle Haley, Phyllis Somerville, Patrick Wilson, Kate Winslet
Durée : 2h10
Sortie : 24/01/2007
Note FilmDeCulte : *****-

Sarah est une jeune mère de famille endormie par sa vie banlieusarde qui ne lui convient pas et sa routine de sorties au parc. Son quotidien va basculer avec l’arrivée d’un nouveau voisin, ancien roi du bal au lycée.

JEU D’ENFANT

On en connaît chaque pâté de maisons de cette banlieue proprette au vernis qui craque, du totem American Beauty en passant par une multitude d’autres représentants, on pense en avoir fait le tour, mais Little Children, nouveau film du réalisateur Todd Field découvert avec In the Bedroom, parvient à imposer sa propre voix. D’abord par sa façon de peindre les questions liées au sexe: l'obsession de la castration du voisin, la passion comme une fièvre, le sentiment maladif et coupable - chaque situation est essorée et traitée intelligemment sur le ton de la fable. Une voix-off distanciée, ses archétypes, et une ironie qui entoure le destin de ses personnages, grands enfants aux rêves de lycéens skaters ou jeune mère versée dans le bovarysme, tandis que les vrais gamins eux, sont les témoins incrédules de ce charivari sentimental. Ce ton apporte quelque chose en plus à Little Children, comme si au traitement habituel était ajoutée quelque cuillère de Daniel Clowes, plus acide, plus cruel, plus douloureux, à l’image de ce qui constitue peut-être le meilleur du film, le portrait d’une mère et de son fils pédophile (Jackie Earl Haley, magnétique), murène monstrueuse dans la piscine et loup du quartier, une situation tragique dont Field retranscrit la complexité.

LE GRONDEMENT DE LA MONTAGNE

Sans cesse le roulement du train se fait entendre au loin, grondement infatigable qui encercle le décor et aliène, étouffe, comme les milliers de figurines disposées dans le salon et les horloges à coucou au tic-tac obsédant, jusqu’à ce qu’elles soient, dans un accès de rage, réduites en miettes. Sarah paraphrase Flaubert et parle de "soif, de soif de changement, et [du] refus d’accepter une vie malheureuse", son amour est une fièvre comme dans un sonnet de Shakespeare, adolescent l’amour d’une mère de famille pour son voisin parfait, roi de la promo qui la renvoie à ses grandes espérances, dessinant du doigt ses courbes sensuelles et réveillant sa libido à coups de bassin dans la buanderie familiale. Mais il manque une fin au sonnet: "Mon amour est une fièvre, désirant encore Ce qui continue à entretenir la maladie, Se nourrissant de ce qui nourrit le mal, Pour plaire à l’incertain appétit maladif: Ma raison, le docteur de mon amour, En colère que ses ordonnances ne soient pas suivies, M’a abandonné. Et moi, désespéré, maintenant découvre Que le désir est la mort, ce que le docteur proscrit". La fièvre dans le sang se glace lors d’un dénouement où Field se montre bien moins habile et se prend les pieds dans son récit. Mais les deux premières heures, amples et dynamiques, et leur sentiment d’urgence, sont captivantes.

par Nicolas Bardot

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