Listen Up Philip

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Listen Up Philip
États-Unis, 2013
De Alex Ross Perry
Scénario : Alex Ross Perry
Avec : Jason Schwartzman
Durée : 1h48
Sortie : 21/01/2015
Note FilmDeCulte : ****--
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Phillip est nerveux à l’approche de la sortie de son roman, pour lequel il rechigne à assurer la promotion. Enervé par l’environnement, ses responsabilités, et la détérioration de sa relation avec sa petite amie Ashley, il accepte l’invitation de son idole, Ike Zimmerman, dans sa maison d’été où il espère se ressourcer.

LA PHILO SELON PHILIP

Il y a de prime abord dans Listen Up Philip une fausse familiarité. Celle d'un genre particulièrement reconnaissable et codé : le mumblecore, ou la comédie intello new yorkaise. Personnages de hipsters blancs cultivés, pingpongs verbaux, clins d’œil vintages, rythme soutenu et névroses en tout genre qui recréent un mini-tourbillon bien connu. La présence du chouchou indé Jason Schwartzman (une fois de plus très classe) dans le rôle principal menacerait presque de faire basculer l'ensemble du côté du cliché, voire de la caricature. Et pourtant ce troisième long métrage d'Alex Ross Perry vaut bien mieux que cela. Parce qu'on y retrouve par moment un mauvais esprit qui démange, une noirceur qui dépasse et vient donner du relief au gentil coloriage attendu. Il faut en effet avoir du courage pour bâtir tout un long métrage autour d'un protagoniste aussi peu aimable. Pédant et fier, pathologiquement égoïste et condescendant, Philip est un écrivain aux portes de la célébrité qui accuse tout son entourage d'être la source de son mal-être et sa frustration. Un homme qui parle sans jamais écouter. Une attitude odieuse tantôt filmée comme un gag grinçant et comme un handicap émouvant.

Il y a quelque chose qui tiendrait presque de la formule magique et du numéro d'équilibriste dans la manière qu'a le film de ne jamais rendre son protagoniste sympa, tout en le rendant malgré tout attachant. Listen Up Philip va même un peu plus loin. Dans n'importe quel autre film américain, se réclamant indé ou non, un tel antihéros trouverait forcément la voie de la rédemption et du pardon. Tellement certain de tout savoir, Philip n'apprend rien, ne retire aucune leçon de ses désastreuses relations avec le reste du monde. Dans n'importe quel autre films aussi, Philip n'aurait pas eu de mal à mettre des filles dans ses filets et retomber ses ses pattes de séducteur. Ici, point de mauvais clichés de personnages féminins toutes disposées a pardonner. Il y a une férocité jubilatoire dans le portrait que fait le film de ces personnages masculins solidaires, lions blessés dans leur orgueil de dominants déchus, bonhommes imbuvables et strictement incapables de vivre a proximité d'une femme sans à la fois les séduire et les humilier. Ce sous-texte acide remonte plus précisément à la surface au fil du dénouement, et la comédie folk que l'on pensait inoffensive dévoile une amertume punk insoupçonnée.

par Gregory Coutaut

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