Lions et Agneaux
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Lions for Lambs
États-Unis, 2007
De Robert Redford
Scénario : Matthew Michael Carnahan
Avec : Peter Berg, Tom Cruise, Derek Luke, Michael Peña, Robert Redford, Meryl Streep
Photo : Philippe Rousselot
Musique : Mark Isham
Durée : 1h30
Sortie : 21/11/2007
Deux soldats américains coincés en Afghanistan. Un sénateur qui accorde un entretien à une grande journaliste. Un prof de fac qui cherche à orienter l'un de ses élèves. Trois histoires liées par la guerre des Etats-Unis contre le terrorisme.
1H30 CHRONO
Le scénario qu’a écrit Matthew Carnahan pour ce nouveau film de Robert Redford est une anomalie dans le paysage cinématographique américain. Dans un univers de films géopolitiques tremblotants, fiévreux et tentaculaires, Lions et agneaux surprend par sa volonté d’épurer ses situations au maximum. Le film déroule, quasiment en temps réel, trois histoires simultanées. A la tombée de la nuit, en Afghanistan, une unité de l’armée U.S. s’apprête à mener une manœuvre délicate face aux Talibans. Lorsque la mission dégénère, deux jeunes soldats se retrouvent prisonniers des montagnes afghanes. Au même moment, à Washington, le fringant sénateur républicain Jasper Irving reçoit une journaliste renommée pour lui détailler en exclusivité la nouvelle stratégie de l’effort de guerre américain. Trois fuseaux horaires plus loin, en Californie, un professeur de sciences politiques prend entre quatre yeux l'un de ses étudiants les plus doués pour le convaincre de s’engager plus activement à la fac ainsi que dans sa vie. On comprend petit à petit que les deux soldats américains coincés au Moyen-Orient étaient jadis ses élèves…
LE BUREAU
Posé, bavard, presque théâtral, Lions et agneaux est à l’opposé du récent Le Royaume, que Carnahan a aussi écrit (et dont le réalisateur, Peter Berg, tient un petit rôle ici). Robert Redford, pour sa première réalisation depuis La Légende de Bagger Vance, aligne ses idéaux de gauche avec ce film presque brutal tant il prend à bras le corps l’actualité. Les scènes en Afghanistan, assez quelconques, sont là pour la forme. Celles dans le bureau du professeur Redford sont déjà plus captivantes. Didactiques, mais entraînantes et enlevées. C’est dans les séquences chez le sénateur Irving que le film brille. Tom Cruise crée un jeune républicain oléagineux avec un charme et un aplomb remarquables. Face à lui, Meryl Streep campe la célèbre journaliste qu’il a convoquée pour lui faire passer son message. Entre les deux s’engage une joute verbale pétillante, Cruise essayant de la charmer, Streep de contourner son discours prémâché. Le film brillerait également par sa concision, grâce à ses prestes 90 minutes, si elles n’étaient malheureusement entachées par un troisième acte hésitant. Aussi illustratif et maladroit par moments qu’il peut-être noble et recherché à d’autre, Lions et agneaux laisse une impression floue, à mi-chemin entre la confusion face à un film qui veut être partout à la fois, et l'admiration pour cette naïveté réfléchie que seul le cinéma américain sait charrier.
