Lilya 4-ever
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Lilja 4-ever
Suède, 2002
De Lukas Moodysson
Scénario : Lukas Moodysson
Avec : Oksana Akinshina, Artiom Bogucharskij
Durée : 1h49
Sortie : 16/04/2003
Lilya, 16 ans, abandonnée dans son appartement d’une banlieue russe par sa mère qui s’est enfuie aux Etats Unis, tente de survivre aux côté de Volodya, son jeune compagnon d’infortune.
CHEMIN DE CROIX
Troisième long-métrage écrit et réalisé par le jeune espoir du cinéma suédois Lukas Moodysson, Lilya 4-ever est radicalement infidèle à la frivolité apparente de son titre en forme de dédicace griffonnée dans un coin de cahier de collégienne. Le film suit en effet la longue et minutieuse descente aux enfers d’une jeune fille contrainte à la prostitution, et ce avec un jusqu'auboutisme rappelant le traitement radical mis en scène par Peter Mullan avec ses Magdalene Sisters. Moodysson ancre d’ailleurs son récit dans une même teinte très réaliste (avec, en contrepoids, quelques scènes oniriques), la caméra ne lâchant jamais le visage d’une Lilya omniprésente, et décrivant avec froideur chacune de ses marches descendues, jusqu’au point de non retour. Paradoxalement à cette veine réaliste, selon Moodysson, le parcours de Lilya devient biblique: la prostituée Lilya se transforme en une incarnation slave de la pêcheresse Marie Madeleine. Le jeune Volodya est Jésus qui la met en garde quant aux dangers du démon (Andreï), Lilya-Marie Madeleine est témoin de sa résurrection (rêvée) et finit par sacrifier sa sensualité en même temps que sa chevelure. Lilya comme héroïne tragique et martyre moderne: Moodysson pousse ici plus loin son regard sur l’adolescence troublée dont Fucking Amal faisait déjà état. L’honnêteté et l’humanisme du Suédois sont les poumons d’un film étouffant et éprouvant, porté admirablement par Oksana Akinshina, sa jeune interprète.
