Forum: Lily Lane

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Lily Lane
Liliom ösvény
Hongrie, 2016
De Bence Fliegauf
Scénario : Bence Fliegauf
Durée : 1h31
Note FilmDeCulte : ****--
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Suite au décès de sa mère, une femme part à la recherche de son père. Elle revient dans la région de son enfance, accompagnée de son fils.

AU BOUT DU CONTE

Si le Hongrois Bence Fliegauf a davantage été remarqué avec Just the Wind, primé à la Berlinale en 2012, le cinéaste avait avant cela réalisé un épatant ovni, Milky Way, proche de l'installation expérimentale et qui fut notamment montré en France à Paris Cinéma. Lily Lane se situe à mi-chemin entre ces deux projets, plus « traditionnellement » narratif (si l'on peut dire) que Milky Way tout en étant plus radical que Just the Wind. S'il y a un point commun entre ces trois films, c'est la façon très personnelle qu'a Fliegauf de trouver une réalité parallèle tout en filmant le réel. Dans Milky Way, ces plans mystérieux, abstraits, silencieux, finissaient par raconter autre chose. Dans Just the Wind, la tension qui entourait une famille de Roms était palpable alors que la caméra serrée sur les acteurs laissait la menace hors champ. Dans Lily Lane, on fait apparaître le surnaturel au sein de ce quotidien réaliste, scruté par une caméra au plus près du corps des personnages.

Si près des corps des personnages qu'on peut, avec eux, apercevoir des esprits. Fliegauf crée minutieusement un sentiment d'intimité toujours au bord de l'étrange, de l'incongru. Lily Lane raconte la relation fusionnelle d'une mère et de son fils. Comment la mise en scène peut-elle l'exprimer ? Fliegauf projette ses deux héros dans une bulle, celle du conte d'abord : on croise ici des nains, des trolls, des chaumière perdue dans les bois tandis que la ville s'élève au loin. Ce sont bien entendu des codes dans ce récit de relations familiales toxiques, où la violence ressentie par les enfants prend la forme d'inquiétantes créatures de contes. C'est une métaphore, mais pas seulement. Fliegauf mélange de manière surprenante une approche austère, aride, et un imaginaire merveilleux, fantastique - les fantômes sont vraiment là à l'écran.

Les personnages de Lily Lane se créent des mythologies : celles laissées par les home movies familiaux, les souvenirs mis en scène d'une famille idéale. Et celles des histoires à dormir debout que la mère raconte et effraient son enfant. On se crée un monde de peur de se confronter au monde réel. C'est le pari gonflé de la mise en scène qui, par l'image plus que par les mots, tente de traduire ce portrait familial, ses nœuds et ses refoulements. Tout devient un peu plus curieux à travers le regard du cinéaste : des bulles qui semblent traversées de rayons laser, les flammes d'un Zippo qui éclairent par intermittences le visage du jeune héros. Lily Lane est parfois à deux doigts de faire dévaler grand-mère dans les orties, mais voilà une expérience très singulière qui, par son audace plastique, donne l'impression d'avoir réellement accompagné ses personnages pendant 90 minutes.

par Nicolas Bardot

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