Leviathan
Royaume-Uni, 2012
De Lucien Castaing-Taylor, Véréna Paravel
Photo : Lucien Castaing-Taylor, Véréna Paravel
Durée : 1h27
Sortie : 28/08/2013
Dans les mêmes mers où la bataille de Melville contre Moby Dick fut imaginée, l'histoire du choc entre la nature et l'homme avec ses machines. Du pêcheur au cinéaste, le portrait de l'une des plus grandes tentatives de l'humanité.
AQUARIUM
"Faut pas pousser mémé dans l'arty !" Le titre de Libération trouvé au lendemain de la projection cannoise de Post Tenebras Lux nous a, avouons-le, bien fait rire. "Faut pas pousser mémé dans l'arty", c'est également ce qu'on pourrait dire à Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel, réalisateurs de ce Leviathan. Avant la projection, Olivier Père, qui a sélectionné Leviathan dans sa dernière compétition de Locarno, a indiqué que ce documentaire allait plus loin que tout autre documentaire, que toute fiction. Vraiment ? Vraiment. Est-ce un film ?, s'est-il demandé, avant de répondre par l'affirmative. Assurément, Leviathan va loin. Sweetgrass, documentaire sur un groupe de bergers à la tête d'un troupeau de moutons qui traverse les montagnes du Montana, jouait déjà sur l'immersion totale mais ce n'est absolument rien comparé à Leviathan dont le dispositif est largement plus expérimental. Où est la caméra dans Leviathan ? Dans les mains du chef opérateur ? Accroché au bateau ? A un filet de pêche ? A un poisson ? A un oiseau ? Interrogations improbables mais qui prennent sens à l'écran, avec cet œil omniscient posé sur toute chose, ce flux de conscience qui passe de la mer au ciel. Pari intéressant, mais l'exécution est beaucoup plus fastidieuse que prévue. Les séquences s'étirent péniblement, jusqu'à la caricature (un plan interminable sur un marin... qui somnole). L'expérience séduisante sur le papier rejoint au final ces films-idée qui pourraient durer 3 minutes, 1h20 ou 15h40 sans qu'on n'y voie réellement de différence.