Lena
Vergiss mein Ich
Allemagne, 2015
De Jan Schomburg
Scénario : Jan Schomburg
Durée : 1h33
Sortie : 22/07/2015
Lena a 40 ans lorsqu’elle perd soudainement la mémoire. Projetée dans une vie qu'elle ne connait plus, son mari et ses amis sont devenus des étrangers ; sa vie, une fiction qu'il faut inventer. Un choix s'impose alors à Lena: retrouver qui elle était, ou devenir quelqu'un d'autre...
WHO’S THAT GIRL ?
Dans son précédent film, L’Amour et rien d’autre (l’histoire d’une femme qui croyait retrouver son mari décédé à travers un autre homme), Jan Schomburg parvenait à créer un équilibre subtil entre le tangible et le surnaturel, le réalisme et le conte de fées. L’histoire de Lena est également propice à une telle combinaison : ayant subitement perdu la mémoire, l’héroïne éponyme ne reconnait plus rien de ce qui l’entoure, ni ses amis, ni son mari, ni elle-même. Et de fait, dès la scène d’ouverture (le film débute juste après l’accident cérébral qui demeure hors-champ), l’actrice Maria Schrader joue comme dans un film d’horreur, silhouette tétanisée dont seuls les yeux fous s’agitent. Bien vu. Mais ce réalisme inquiet et inquiétant (so allemand) perd peu à peu l’équilibre mentionné plus haut. Lena a beau relire à voix haute ses conférence sur ˝la tension entre être et non-être˝, et elle a beau murmurer ˝fantasmagorie˝ à son propre reflet dans la vitre, l’ensemble tombe progressivement dans un registre très terre-à-terre, trivial même.
˝Je suis intelligente ?˝ s’interroge-t-elle à voix haute ? La question, posée très sérieusement par Lena redécouvrant son passé universitaire, prend une dimension ironique : le film dépeint sa condition mentale comme une folie qui la rend involontairement bouffonne. Que Lena oublie d’enlever une fausse moustache qu’elle a mise par jeu, ou bien qu’elle minaude de façon clownesque, on n’est pas très bien sûr de comment prendre cette dose d’humour inattendue. Car de malade, Lena semble alors devenir puérile, parfois même nunuche. La légèreté générale de l’ensemble devient gênante quand elle empêche de croire comment un jeune gaillard pourrait tomber amoureux de quelqu’un d’aussi relou, ou encore quand s’invitent des rebondissements dignes de téléfilms (comme ces secrets révélés lors d’un diner de famille). Et ce n’est hélas pas la mise en scène, très sage, qui va apporter un peu de relief à cette histoire.