Légende de la forêt (La)

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Légende de la forêt (La)
Japon, 1964
De Osamu Tezuka
Scénario : Osamu Tezuka
Durée : 54m
Sortie : 27/11/2002
Note FilmDeCulte : ****--
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Cinq courts métrages d’animation de l’homme qui a révolutionné le manga. LE ROI TEZUKA Cent cinquante mille planches d’aventure, de romance, d’horreur, de mythologie, d’espionnage ou de science-fiction. Cent vingt millions de bandes dessinées vendues depuis le décès de leur auteur. Osamu Tezuka n’est pas seulement le génie insubmersible de toutes les générations de mangaka confondues, c’est aussi et avant tout un conteur hors pair, qui a revisité tous les genres avec un même acharnement au travail. Monumentale, l’œuvre de Tezuka brille par son incroyable éclectisme. La sortie en salles de ses courts métrages est un événement, mais ne donne qu’un minuscule aperçu de son talent. Les courts sélectionnés datent des années 70 et 90. Or, contrairement à l’intitulé alléchant, l’animation n’en est pas l’atout principal. Autant dire que l’aspect rudimentaire de certaines techniques déconcertera les familiers de la prouesse disneyenne. La diversité des styles proposés et de leurs traitements narratifs méritent néanmoins le coup d’œil. A la vision des films, il ne fait aucun doute que leur réalisateur vient de la bande dessinée. La Sirène, La Goutte ou La Légende de la forêt reposent essentiellement sur la dynamique du découpage. HAPPY HOUR Réalisés en un temps record, les deux premiers courts font appel à une animation minimaliste. Ode à l’imagination et la différence, La Sirène résume en huit minutes l’histoire d’amour contrariée entre un pêcheur et une ravissante créature surgie des mers. Epaulé par une équipe de six personnes, Tezuka s’appuie sur un style enfantin à base de formes géométriques et de superpositions de couleurs. Le corps sans volume des personnages consiste en quelques lignes claires. Les tableaux muets opposent la douceur des rendez-vous à la plage aux représailles absurdes de la justice. Séquestré, le pêcheur perd peu à peu le souvenir de sa sirène. Simple et touchant, La Sirène accuse son âge, mais fait preuve d’une réelle inventivité. Improvisé l’année suivante, La Goutte est une expérience plus anodine. Le seul rescapé d’un naufrage meurt de soif sur un radeau et tente en vain d’avaler une goutte d’eau. Tezuka s’accommode des moyens modestes dont il dispose. Le montage resserré remplace l’animation proprement dite. Parodie de western sur fond de pellicule vieillie pour l’occasion, Le Film cassé s’amuse de faux raccords et de fausses défaillances techniques. DISNEYLAND Deux courts métrages tirent leur épingle du jeu: Le Saut et le premier volet de La Légende de la forêt. Tezuka n’a jamais caché son admiration pour Walt Disney, qui avoue lui-même une passion pour Astro le petit robot et Le Roi Léo. Avec La Légende de la forêt, Tezuka trouve l’occasion de rendre hommage à ses aînés. Le premier volet emprunte au savoir-faire de Disney, Hanna et Barbera ou les frères Fleisher, en détaillant l’évolution technique du cinéma d’animation. Un couple d’écureuils rappelle celui de Merlin l’enchanteur, des lutins font référence aux sept nains de Blanche Neige. Avec un art consommé du découpage, Tezuka exalte la nature contre l’humain envahisseur. Resté inachevé, le film présente à l’origine quatre parties, illustrées par la Symphonie n°4 de Tchaïkovski. Il n’en reste que deux, Conversation entre les arbres de la forêt et Sur la colline de l’orage et de l’arc-en-ciel. Sans doute le plus célèbre de tous les courts présentés, Le Saut part d’une idée incongrue: une caméra subjective montée sur tremplin. En six minutes, Tezuka parcourt le globe avec une belle virtuosité, du sommet d’un building aux chaudrons de l’enfer. Compilation inédite, La Légende de la forêt laissera les néophytes et les connaisseurs sur leur faim, mais confirme la formidable créativité de Tezuka.

Cinq courts métrages d’animation de l’homme qui a révolutionné le manga.

LE ROI TEZUKA

Cent cinquante mille planches d’aventure, de romance, d’horreur, de mythologie, d’espionnage ou de science-fiction. Cent vingt millions de bandes dessinées vendues depuis le décès de leur auteur. Osamu Tezuka n’est pas seulement le génie insubmersible de toutes les générations de mangaka confondues, c’est aussi et avant tout un conteur hors pair, qui a revisité tous les genres avec un même acharnement au travail. Monumentale, l’œuvre de Tezuka brille par son incroyable éclectisme. La sortie en salles de ses courts métrages est un événement, mais ne donne qu’un minuscule aperçu de son talent. Les courts sélectionnés datent des années 70 et 90. Or, contrairement à l’intitulé alléchant, l’animation n’en est pas l’atout principal. Autant dire que l’aspect rudimentaire de certaines techniques déconcertera les familiers de la prouesse disneyenne. La diversité des styles proposés et de leurs traitements narratifs méritent néanmoins le coup d’œil. A la vision des films, il ne fait aucun doute que leur réalisateur vient de la bande dessinée. La Sirène, La Goutte ou La Légende de la forêt reposent essentiellement sur la dynamique du découpage.

HAPPY HOUR

Réalisés en un temps record, les deux premiers courts font appel à une animation minimaliste. Ode à l’imagination et la différence, La Sirène résume en huit minutes l’histoire d’amour contrariée entre un pêcheur et une ravissante créature surgie des mers. Epaulé par une équipe de six personnes, Tezuka s’appuie sur un style enfantin à base de formes géométriques et de superpositions de couleurs. Le corps sans volume des personnages consiste en quelques lignes claires. Les tableaux muets opposent la douceur des rendez-vous à la plage aux représailles absurdes de la justice. Séquestré, le pêcheur perd peu à peu le souvenir de sa sirène. Simple et touchant, La Sirène accuse son âge, mais fait preuve d’une réelle inventivité. Improvisé l’année suivante, La Goutte est une expérience plus anodine. Le seul rescapé d’un naufrage meurt de soif sur un radeau et tente en vain d’avaler une goutte d’eau. Tezuka s’accommode des moyens modestes dont il dispose. Le montage resserré remplace l’animation proprement dite. Parodie de western sur fond de pellicule vieillie pour l’occasion, Le Film cassé s’amuse de faux raccords et de fausses défaillances techniques.

DISNEYLAND

Deux courts métrages tirent leur épingle du jeu: Le Saut et le premier volet de La Légende de la forêt. Tezuka n’a jamais caché son admiration pour Walt Disney, qui avoue lui-même une passion pour Astro le petit robot et Le Roi Léo. Avec La Légende de la forêt, Tezuka trouve l’occasion de rendre hommage à ses aînés. Le premier volet emprunte au savoir-faire de Disney, Hanna et Barbera ou les frères Fleisher, en détaillant l’évolution technique du cinéma d’animation. Un couple d’écureuils rappelle celui de Merlin l’enchanteur, des lutins font référence aux sept nains de Blanche Neige. Avec un art consommé du découpage, Tezuka exalte la nature contre l’humain envahisseur. Resté inachevé, le film présente à l’origine quatre parties, illustrées par la Symphonie n°4 de Tchaïkovski. Il n’en reste que deux, Conversation entre les arbres de la forêt et Sur la colline de l’orage et de l’arc-en-ciel. Sans doute le plus célèbre de tous les courts présentés, Le Saut part d’une idée incongrue: une caméra subjective montée sur tremplin. En six minutes, Tezuka parcourt le globe avec une belle virtuosité, du sommet d’un building aux chaudrons de l’enfer. Compilation inédite, La Légende de la forêt laissera les néophytes et les connaisseurs sur leur faim, mais confirme la formidable créativité de Tezuka.

par Danielle Chou

En savoir plus

Les cinq courts métrages

1964 La Sirène - 8 min

1965 La Goutte - 4 min

1985 Le Film cassé - 6 min

1985 Le Saut - 6 min

1987 La Légende de la forêt - 30 min

OSAMUSHI

Vers la fin des années 60, le succès en librairie d’Astro le petit robot et du Prince Saphir offrent à Osamu Tezuka les moyens financiers de se lancer dans l’animation. En 1958, âgé de trente ans, il participe à l’élaboration du Voyage en Occident, long métrage produit par la Tôei dôga, l’une des plus importantes compagnies d’animation au Japon. Adaptation de la légende chinoise du roi singe, le résultat déplaît à Tezuka qui décide de fonder en 1961 sa propre boîte de production, la Mushi. Anecdote amusante: depuis le lycée, le dessinateur est obsédé par la vie des insectes et prend l’habitude de signer ses travaux par Osamushi -mushi signifie tout simplement insecte en japonais-.

Le studio produit un premier court métrage de trente-huit minutes, Les Histoires du coin de la rue. Et crée en 1963 la toute première série d’animation japonaise, Astro le petit robot: trente minutes hebdomadaires en noir et blanc recourant à une animation limitée (cinq images par secondes). L’immense succès de la série réveille toute l’industrie, mais installe de nombreuses tensions entre patronat et syndicat. Le travail harassant imposé aux animateurs entraîne des manifestations régulières. C’est l’époque où les jeunes Hayao Miyazaki et Isao Takahata se rencontrent autour d’une table ronde de syndiqués.

Parallèlement à sa série phare, Tezuka produit quelques courts métrages expérimentaux présentés lors de festivals: Male, Memory, La Sirène, La Goutte ou encore Tobacco and Ash. En 1964, le dessinateur rencontre l’une de ses idoles, Walt Disney. Stanley Kubrick en personne contacte Tezuka pour lui commander des croquis préparatoires pour 2001, l’odyssée de l’espace. Mais leur collaboration n’aboutit pas. 1965 marque une seconde étape importante dans l’histoire de la Mushi. Le Roi Léo est la première série d’animation japonaise en couleurs.

En 1966, le film à sketchs Pictures at an Exhibition reçoit des échos très favorables. Tezuka ne s’arrête pas en si bon chemin. Les Mille et une nuits est le premier long métrage d’animation érotique. Suivront au cinéma: Cléopatra (1970), Le Fils du soleil (1978), Marine express (1979), Phoenix 2772 adapté d’un chapitre de son propre manga, Fumoon (1980), Bremen 4 (1982) et une dizaine de courts métrages, dont The Green Cat (1983) et Self Portrait (1988). Malgré sa popularité, la Mushi fait faillite et ferme ses portes en 1973.

S’il est un domaine dans lequel Osamu Tezuka a toujours rêvé de percer, c’est bien le cinéma d’animation. Reste un éternel regret, le rendez-vous manqué avec Walt Disney: «J’aimerais énormément réaliser un film sur un sujet aussi novateur qu’Astro le petit robot. Des séries comme celle-ci et Le Roi Léo sont formidables. Tezuka est un grand créateur, un grand cinéaste, il faudrait qu’un jour nous puissions travailler sur un projet commun. Je suis certain que le résultat serait formidable».

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