Légende de Zorro (La)
The Legend of Zorro
États-Unis, 2005
De Martin Campbell
Scénario : Ted Elliott, Alex Kurtzman, Roberto Orci, Terry Rossio
Avec : Adrian Alonso, Antonio Banderas, Alberto Reyes, Rufus Sewell, Catherine Zeta-Jones
Durée : 2h09
Sortie : 26/10/2005
L'adhésion de la Californie à l'Union est menacée par de mystérieux comploteurs: l'occasion pour Zorro de porter le masque encore une fois. Mais cette nouvelle aventure va mettre en péril son mariage avec la belle Elena et l'amour de son jeune fils, Joaquin.
LA ROMANCE DE RENARD
Sept longues années après Le Masque de Zorro, série B fort agréable emportée par une énergie fanfaronne (ah, Anthony Hopkins en vieux justicier...), Martin Campbell et Steven Spielberg ont concentré leurs efforts sur une approche bien plus sereine. La Légende de Zorro, s'il reste ancré dans la cape et l'épée, a des ambitions plus matures, puisqu'il parle avant tout de l'homme derrière le masque, et de ses difficultés à mener de front deux luttes pour l'union, l'une démocratique et l'autre familiale. Zorro ne peut combattre pour la Californie, bientôt américaine, et siéger au foyer en Alejandro De La Vega. En résulte un film plus épais, mais aussi plus calme, aux ambitions toutes classiques: il y a dans cette légende de longs et larges plans chargés en couleurs riches, en rouge, bleu, et blanc. Nous ne sommes plus dans l'initiation du héros, mais dans son combat pour les valeurs du pays qui l'a adopté: les Etats-Unis. Cette débauche de démocratie, ce manifeste pour la famille serait écoeurant si La Légende de Zorro oubliait ses origines minoritaires. Or elle met un point d'honneur à vanter son ascendance hispanique. D'abord en parlant largement la langue ("celle de nos pères", comme le dit Zorro à son fils), la sous-titrant même en anglais, et surtout en opposant un pistolero américain porté sur la Bible à une famille de paysans mexicains propriétaires. Nous sommes bien dans une production Spielberg, et pas chez Disney, où toutes les nuances mates et les sombreros auraient été noyés dans le bleu. En résulte une production familiale curieuse, et non renfermée, qui choisit périlleusement d'orienter le héros vers l'humain. Les acteurs s'y engagent avec grâce et hargne, et les écueils qu'auraient pu constituer les personnages du jeune fils et du méchant Français sont miraculeusement évités. L'antagoniste (le trop rare Rufus Sewell) est d'ailleurs l'occasion de détromper les craintifs qui redoutent une aventure exclusivement humaine. Le péril est bien là, et il explose de diverses manières, de l'espionnage à l'aiguillage, grâce à une série d'épreuves qui a tout du serial. S'il manque une scène d'action au milieu du film, l'inventivité de l'ouverture et du final rattrapent cette carence. Classieux, mais aussi drôle et dynamique, La Légende de Zorro est une suite honorable et une production inattendue entre les mains de Martin Campbell. Elle mérite notre approbation, et quelques pas de flamencos, en attendant le prochain film du néo-zélandais, au shaker mais pas à la cuillère, Casino Royale.