La Légende de Baahubali : 1ère Partie

La Légende de Baahubali : 1ère Partie
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Légende de Baahubali : 1ère Partie (La)
Baahubali - The Beginning
Inde, 2015
De SS Rajamouli
Durée : 2h38
Sortie : 08/06/2016
Note FilmDeCulte : ****--
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Dans un ancien royaume indien, une femme poursuivie par des soldats se sacrifie pour sauver son enfant. Recueilli par des villageois, celui-ci est nommé Shivudu. Devenu adulte, il part dans une quête à la recherche de ses origines.

CE MEC EST TOO MUCH

Baahubali : The Beginning est le premier volet d'un diptyque bigger than life signé S.S.Rajamouli, remarqué il y a quelques années avec l'ovni Eega. A l'improbable mélange de candeur et d'humour qui rendait ce dernier aussi zinzin, Baahubali oppose un registre plus familier dans la famille des blockbusters indiens, celui de la fresque historique et merveilleuse. Baahubali, c'est le nom du protagoniste, enfant abandonné, « élu » promis à une destinée hors-norme, surhomme qui jongle avec les rochers, et futur sauveur de son peuple. Dans un autre contexte, une telle accumulation de superlatifs paraitrait odieuse de facilité, mais on le sait : la magie et la pureté de ce cinéma indien de divertissement réside précisément dans cette non-remise en question du merveilleux, dans cette croyance dur comme fer au premier degré du conte de fées.

Baahubali est un spectacle grandiloquent et généreux, combinant les registres habituels (humour bon enfant, histoire d'amour contrariée, sous-texte social), avec une science du rythme qui ne surprend pas. S.S.Rajamouli travaille l'iconisation de son héros éponyme (à la fois bon pote et demi-dieu admiré de tous), mais comme la plupart de ses compatriotes, il se situe pourtant à contre courant des héros made in Hollywood. Embrassant le merveilleux, au sens de surnaturel mais aussi d’émerveillement béat, son film fait fi d'une obsession contemporaine pour le réalisme sérieux. Ici tout est plus fou : quand on se bat, on ne se jette plus des armes mais carrément des gens à la tête, et les chaînes de montagnes millénaires se franchissent comme des murets au fond du jardin. Et pourtant le film emporte dans son souffle épique, et convainc de rire avec lui plutôt que de lui.

Ce qui empêche Baahubali d'atteindre véritablement tous les sommets qu'il vise, c'est sa limite visuelle. De décors pharaoniques en couchers de soleils paroxystiques, le film regorge de... numérique. Un numérique omniprésent, certes ludique mais qui finit par faire ressembler les scènes de transition à des cinétiques de jeux vidéos de la décennie précédente. Malgré leur parti-pris encore plus surnaturel, Endhiran Robot et I (deux uber-succès auxquels on peur comparer les films) offraient également des décors naturels époustouflants (respectivement des chorégraphies sur le Machu Pichu et en Chine!). La dimension grandiose de Baahubali provient surtout d'ordinateurs, ce qui finit paradoxalement par lui donner l'air un peu cheap. Les meilleures scènes du film sont d'ailleurs celles dépourvues d'effets spéciaux visibles, comme cette première danse amoureuse dans un jardin extraordinaire peuplé de cygnes toc, qui fait suite à une autre scène au sexisme un peu embarrassant, où le héros déshabille sa promise d'un claquement de doigt et la fait miauler d'un seul regard.

Ce n'est pourtant qu'un apéritif en comparaison du clou du spectacle, à la fois pari narratif gonflé et festin d'action : un incroyable flash-back d'une bonne heure (où le père du héros, portant le même nom que lui, est joué par le même acteur, attention au casse-tête) en forme de longue scène hardie de combat non-stop qui remplit à elle seule un tiers du film, où pointent quelques clin d’œil à Mad Max ou Le Seigneur des anneaux. Quand, après un bien beau cliffanger, débarque le carton sibyllin « à suivre en 2016 » (date prévue de sortie pour le volume 2, qu'on espère à la hauteur!), c'est la générosité d'un spectacle à l'ancienne et sans cynisme qui achève d'emporter l'adhésion.

par Gregory Coutaut

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