Left Bank
Linkeroever
Belgique, 2009
De Pieter Van Hees
Scénario : Christophe Dirickx, Dimitri Karakatsanis, Pieter Van Hees
Avec : Eline Kuppens, Matthias Schoenaerts
Photo : Nicolas Karakatsanis
Musique : Simon Lenski
Durée : 1h42
Une athlète qui se réfugiait dans le sport pour fuir les contacts humains est obligée de suspendre ses activités et de se confronter au monde extérieur. Elle s'installe avec son homme dans un appartement et découvre sur place des phénomènes étranges.
A BOUT DE COURSE
Pour son premier long métrage, le réalisateur belge Pieter Van Hees a su planter son film d'horreur dans le décor le moins propice au fantastique. Soit une région industrielle flamande, nuages mélangés aux fumées d'usines, et une héroïne qui s'y perd, un peu comme si Rosetta virait psychoteries à la Polanski. L'inquiétude, elle, peut surgir de partout: d'un peu de terre sur le plancher, d'un trou dans le mur, grondement aussi physique que psychologique. Marie (la débutante Eline Kuppens, admirable) est une jeune athlète prometteuse mais sa santé fragile compromet son avenir sportif. Touchée dans sa chair, l'héroïne de Left Bank ne court plus, et rêve qu'elle s'enfonce dans des sables mouvants. Immobile et happée. Même si le film joue la carte d'un fantastique totalement atypique, on peut dresser quelques cousinages de terreur européenne: celle, organique, de la Française Marina de Van, plaie aussi physique que mentale, mutation et renaissance, ou celle, invisible, de l'Autrichienne Jessica Hausner (Hotel), qui guette dans le noir, menace dissimulée ou vue de l'esprit. Inspiré par les peintures hantées de Borremans, Van Hees convoque les légendes celtes à son paysage de boue pour un résultat hors normes, au scénario manquant parfois de quelques gouttes d'huile mais qui détone dans le genre. Left Bank a un distributeur français, mais pas encore de date de sortie. Espérons que ce fascinant ovni trouve rapidement une place en salles.