Lebanon
Israël, 2010
De Samuel Maoz
Scénario : Samuel Maoz
Avec : Yoav Donat, Itay Tiran
Photo : Giora Bejach
Durée : 1h32
Sortie : 03/02/2010
"Je venais d'avoir 19 ans en mai 1982. La vie était belle. J'étais amoureux. Ensuite on m'a demandé de partir sur une base militaire et d'être le tireur du premier tank à traverser la frontière libanaise. Cela devait être une mission d'une journée toute simple mais ce fut une journée en enfer. Je n'avais jamais tué quelqu'un avant cette terrible journée. Je suis devenu une vraie machine à tuer. Quelque chose là-bas est mort en moi. Sortir ce tank de ma tête m'a pris plus de 20 ans. C'est mon histoire."
SOLDATS DE PLOMB
Après le hit Valse avec Bachir et le soporifique Beaufort, Lebanon s'inscrit lui aussi dans une approche intime de la Guerre du Liban où, en animation ou dans un tank, le conflit est vu avant tout à hauteur d'homme. Idée développée au pied de la lettre dans ce Lebanon, auréolé du Lion d'or lors de la dernière édition de la Mostra de Venise. Des jeunes garçons plongés dans l'horreur de la guerre, eux qui, jusqu'alors, ne s'étaient entrainés à tirer que sur des bidons, et qui se retrouvent à piloter un tank. Le récit est quasi biographique pour le réalisateur et scénariste, Samuel Maoz, qui tenait la même place que le rôle principal. Lebanon joue d'abord brillamment sur cette tension, huis clos dans un char de guerre qui suinte d'huile et hurle de grincements, et où le seul point de vue sur le monde extérieur est celui d'un viseur. Le film n'est jamais aussi réussi que quand il se fait une pure expérience d'immersion, sans la possibilité de jeter un voile pudique sur l'horreur. Malheureusement, Moaz s'égare en quelques lourdeurs. Lourdeur du sursignificatif quand il filme ses regards caméra, ou quand il montre ce tank qui vise un poster de la Tour Eiffel (une pause), du Big Ben (une autre) puis des Twin Towers (une dernière). Lourdeur de l'écriture lorsqu'il tente de faire vivre ses personnages (l'anecdote racontée par le héros, qui ressemble à une blague de banquet et qui s'étire péniblement), abandonnant le concept formel pour un traitement plus conventionnel lors de la dernière demi heure. Celle, décevante, qui fait trébucher ce premier essai très méritant dans l'écueil du "la guerre, c'est moche".