The Last Supper
Hongmen Yan
Chine, République populaire de, 2011
De Lu Chuan
Scénario : Lu Chuan
Yu est un jeune noble à la fois beau, téméraire et charismatique. À la tête de l’armée la plus puissante de l’époque, il est le chef de fil de la révolte menée contre la cruelle dynastie Qin. Yu décèle un fort potentiel en Liu, un paysan, à qui il confie le commandement d’une troupe de 5 000 soldats. En pénétrant seul dans la capitale de Qin, ravageant tout sur son passage, Liu rompt un accord qu’il avait passé avec Yu. La dynastie Qin s’écroule et Yu prend le contrôle de l’Empire. Soupçonnant Liu de trahison, les conseillers de l’Empereur organisent un complot visant à assassiner Liu lors d’un grand banquet...
Patatras. On était nombreux à attendre des nouvelles de Lu Chuan, à guetter le successeur du gigantesque City of Life and Death, fresque historique à la fois moderne et puissante qui avait scotché les spectateurs bien au-delà du Festival de Deauville. La non-sélection de ce Last Supper dans divers festivals européens paraissait être un premier indice inquiétant. On confirme la déception. L’incroyable fluidité scénaristique de City of Life And Death, qui permettait au film de slalomer entre les clichés tout en parvenant faire vivre une foule de personnages, ne laisse ici place qu’à un bloc hermétique. The Last Supper est tout bonnement incompréhensible. La délicate attention consistant à inscrire à l’écran le nom de chaque personnage lors de sa première apparition n’y fait rien. Ce n’est pas que les personnages soient nécessairement plus nombreux, c’est qu’ils sont plus flous, presque absents, observé avec une distance presque frigide. Le montage resserré donne au film une élégance toute contemporaine mais étouffe paradoxalement toute tentative de rythme. A force de découper chaque scène, Lu Chuan ne nous y laisse pas beaucoup de place, et cela participe à un processus d’abstraction progressive mais totale de l’intrigue. Le film entier ne semble plus être qu’une seule et unique séquence, la bande annonce opaque et confuse d’un film qu’on devine potentiellement très grand. La direction artistique rend en effet The Last Supper souvent très agréable à l’œil sans tomber dans l’ostentatoire, mais l’usage malhabile du numérique vient régulièrement contredire cela. Quelle plus grande frustration alors que de rester sur le pas d’un film qui n’offre plus aucune porte d’entrée ?