Kansai, l'autre cinéma japonais: Last Chestnuts
Mitsu no kuri
Japon, 2011
De Ye Zhao
Scénario : Ye Zhao
Avec : Kaori Momoi, Shigeki Uda
Photo : Hideyo Nakano
Durée : 1h00
Une Tokyoïte se rend à Nara dans le but de retrouver son fils disparu, avec comme seul indice les photos enregistrées dans l’appareil photo que celui-ci lui a laissé. Retraçant le chemin qu’il a parcouru, elle découvre ses amis, Nara et sa nature grandiose, mais aussi les sentiments profonds d’un fils à l’égard de sa mère.
DERNIÈRES CHÂTAIGNES
Comme Bion, également présenté dans le cycle Kansai: l'autre cinéma japonais, Last Chestnuts est produit par Naomi Kawase, dans le cadre de son projet NARAtive. Celui-ci consiste à inviter de jeunes cinéastes dans sa ville, Nara, où elle a créé un festival l'an passé. Kawase produit les longs métrages que ces cinéastes tournent à Nara, pour un budget et une durée de tournage limités, avant que ceux-ci ne soient diffusés dans ce festival. Last Chestnuts est le troisième film du réalisateur chinois Zhao Ye. Il s'est pour l'occasion offert les services de la grande actrice japonaise Kaori Momoi, vue notamment dans Eijanaika d'Imamura, Kagemusha de Kurosawa, Le Soleil de Sokourov ou, plus récemment, Mémoires d'une geisha. Elle campe une mère excentrique, qu'on devine rapidement à la recherche de son fils. Et à l'image de Bion, la présence de Kawase se sent là encore, par le décor de Nara certes (le film est tourné là où la cinéaste a filmé Hanezu), mais aussi via une citation directe lorsque Zhao Ye ré-emploie Shigeki Uda, héros de La Forêt de Mogari.
Zhao Ye ne donne pas de longueur d'avance sur son héroïne, on s'immerge dans Last Chestnuts comme on suit l'enquête de la mère, de photos en témoignages, avant que le secret n'en soit plus vraiment un. La retenue émotionnelle du long métrage, au potentiel ultra mélodramatique mais dont le traitement reste très élégant, fait la force de ce long métrage fragile, habile dans la rupture de ton entre faux doc (Uda qui parle de son rôle dans le film de Kawase), comédie (les interludes chats - pas seulement des chats, des chatons roux), et la tension dramatique permanente. Bion et Last Chestnuts, bien que réalisés par des cinéastes différents mais produits dans des conditions similaires, semblent marcher comme des matriochkas, sans qu'on n'ait pour autant un sentiment de calibrage. Plutôt des regards et une sensibilité proches, qui s'enrichissent l'un l'autre, des variations sur la carte de cinéma que Naomi Kawase a déployé sur sa ville natale.
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Last Chestnuts est diffusé dans le cadre du cycle Kansai: l'autre cinéma japonais.