The Land of Hope

The Land of Hope
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Land of Hope (The)
Kibou no Kuni
Japon, 2012
De Sono Sion
Scénario : Sono Sion
Durée : 2h13
Sortie : 24/04/2013
Note FilmDeCulte : *****-
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Yoichi Ono vit avec sa femme, Izumi, et ses parents, Yasuhiko et Chieko, dans une petite ville. Les Ono sont producteurs laitiers, ils vivent chichement mais sont heureux dans leur paisible campagne. Un jour, un énorme tremblement de terre se produit. Ils sont contraints à chercher un refuge loin de leur foyer. Mais Yoichi, très attaché à la maison familiale, hésite à la quitter. Yoichi doit prendre des mesures pour la protéger sa femme qui est enceinte. Des décisions qui sont censées les conduire vers la terre d'espoir, mais ...

LA TERRE OUTRAGÉE

Sono Sion ne perd pas de temps pour tourner. Il ne perd pas de temps non plus dans le choix de ses films. Fukushima, toile de fond de son précédent long métrage (le monumental Himizu), n'est déjà plus qu'un souvenir dans The Land of Hope. La catastrophe racontée ici est la catastrophe d'après. "Tu n'as rien vu à Fukushima", semblent dire les autorités aux personnages de The Land of Hope. Le vieux héros n'est pas dupe des foutaises qu'on tente de lui faire avaler. La menace dans The Land of Hope est invisible, c'est un souffle d'air qui soulève un rideau. La belle-fille enceinte (interprétée par la muse de Sono, Megumi Kagurazaka) a une vision et voit l'air vicié comme une marée de sang rouge. Il faut être fou pour croire qu'il ne se passe rien, comme l'épouse du héros dont la tête est ailleurs. Ou enfoncer sa tête dans le sable, comme tous les autres. Pourtant, si l'on ne voit rien, on entend les grondements de la catastrophe. Les sons du bébé à naître sont également surmultipliés. Et les victimes qu'on dit irradiées sont déjà traitées comme des pestiférés, fantômes évidents d'Hiroshima.

D'autres fantômes traversent The Land of Hope. Sono Sion est comme eux, se fait mauvaise conscience d'un Japon endormi, ou pétrifié. Il n'y a pourtant rien d'héroïque dans le comportement des personnages, ou dans l'entêtement du vieux, de l'aveu même de ce dernier. « Lorsqu’un homme est fort, il fuit », entend-on, donnant un kick dans les genoux de l’image habituelle du héros face au monde. Sono Sion n’a pas foi en l’institution, en l’autorité, mais en l’individu. On a rarement senti autant d’empathie de la part du réalisateur pour ses personnages, perdus dans un décor hanté comme les jeunes gens de Kaïro fuyant une ville morte. Mais pour représenter le cauchemar, Kurosawa se référait à Hiroshima. La terreur sourde est ici bien plus actuelle.

The Land of Hope, s’il poursuit les thématiques entamées par le réalisateur dans ses précédents films, surprend. La narration est plus classique, la mise en scène beaucoup moins baroque. Film plus calme, plus doux. Comme chaos debout. Certains ne voient que de l’esbroufe dans ses précédentes réalisations. Les plus belles scènes de The Land of Hope sont aussi les plus simples. Un jeune homme demande son amie en mariage dans un décor halluciné, près d’une maison déracinée qui tient en équilibre. Une vieille femme danse seule pour une fête des morts qui n’existe même plus, rejointe par son mari dans les ruines. Le bonheur le plus vif nait sur une terre outragée. Le titre, effronté, promet une terre d’espoir alors qu’il y règne la désolation. Sono Sion croit pourtant en une force intérieure qui, même mise à mal, peut venir à bout de la pire catastrophe. Le dénouement mi-idyllique mi-amer va dans ce sens. D’apparence plus sage, The Land of Hope distille pourtant ses visions impressionnantes, celles d’un cinéaste comme aucun autre.

par Nicolas Bardot

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