Lake Tahoe

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Lake Tahoe
Mexique, 2008
De Fernando Eimbcke
Scénario : Fernando Eimbcke, Paula Markovitch
Avec : Diego Cataño, Héctor Herrera, Juan Carlos Lara, Yemil Sefami, Daniela Valentine
Photo : Alexis Zabé
Durée : 1h21
Sortie : 16/07/2008
Note FilmDeCulte : *****-
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Juan est au bord de la route à côté de sa voiture, crashée contre un poteau téléphonique à la sortie de la ville. Il se met alors à la recherche d’un garagiste. Il rencontre tout d’abord Don Heber, un vieux mécanicien qui vit avec son bouledogue Sica. Celui-ci lui promet de réparer sa voiture s’il met la main sur la pièce défectueuse. Juan se remet en route et se retrouve bientôt dans un magasin spécialisé tenu par la jeune Lucia, qui s’y connaît plus en musique punk qu’en mécanique. Elle lui propose toutefois d’attendre David « celui qui sait », un adolescent féru de kung-fu.

DEATH EXISTS, NOT AS THE OPPOSITE BUT AS PART OF LIFE

Lake Tahoe est le second long métrage de Fernando Eimbcke après Duke Season en 2004. Tourné en cinémascope, le film se compose presque essentiellement de plans fixes dans lesquels les personnages évoluent et qui perdurent parfois à l’écran quand ceux-ci sortent du cadre. Le métrage se déploie à un rythme siestique, un écran noir alternant entre les cadres et ce parfois pendant plusieurs secondes mais avec une continuité sonore, ce qui donne lieu notamment à une inédite vision du film de kung-fu « Enter the Dragon ». Des plans fixes et vides symptomatiques de la saison morte dans ce port touristique du Yucatan mais qui évoquent aussi l’absence. Juan fuit cette absence, tout d’abord hors de chez lui, puis il fuit loin de Don Heber, Lucia et David. La réalité est trop cruelle et Juan ne peut encore y faire face et s’imagine qu’il suffit de fuir pour qu’elle s’évanouisse comme un mauvais rêve au réveil. A travers la métaphore de la voiture pendant tout le film, c’est bien autre chose que Juan va essayer tant bien que mal de réparer.

Lake Tahoe est un merveilleux mélange d’absurde et de drame psychologique. Fernando Eimbcke est un artisan du cinéma, qui nous prouve que quand rien ne semble se passer à l’écran, il se passe bien quelque chose. Les trois personnages, et le chien, qui vont croiser la route de Juan sont hauts en couleur et les situations placées sous le signe d’un rafraîchissant humour. A côté de cela la douleur plane, disséminée par touches ça et là avant d’être dévoilée à la 55e minute et de rendre les parenthèses enchantées que recherche Juan aussi importantes pour lui que pour le spectateur. Le réalisateur mexicain est un fan de Robert Bresson et, comme l’illustre cinéaste, a opté pour une bande son sans musique, ce qui ne veut pas dire qu’elle est totalement absente du métrage, mais qu’elle est la somme des éléments sonores présents lors du tournage. Fernando Eimbcke réalise un indispensable petit film très finement écrit, réalisé avec beaucoup de style et porté par un épatant casting.

par Carine Filloux

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