Lady Jane

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À l'époque où les Rolling Stones chantaient "Lady Jane", Muriel, François et René, amis d'enfance, nés dans les ruelles populaires de Marseille distribuaient des fourrures volées à toutes les ouvrières de leur quartier. Ils cessèrent leurs cambriolages après avoir tué un bijoutier dans un parking et, pour se faire oublier, ne se virent plus jusqu'au jour où le fils de Muriel est enlevé… La bande se reforme alors pour réunir l'argent de la rançon.

JE VAIS MAL, NE T'EN FAIS PAS

Problème français? Problème de films français en tout cas. Voyez récemment le poussif Tueur de Cédric Anger, polar pédalant à vide dans sa photo grisouille label Champetier, à base d'attentisme vain, de looks involontairement ridicules (c'est pour l'ambiance, pour la pose), de jeu d'acteurs embarrassant, de fausse maestria gratuite, de jump-cuts en fondus histoire de dire: "J'ai fait des jump-cuts en fondus, c'est pas folie?", de travellings pour rien, de dialogues balourds, de clichés au kilomètre et on en passe... C'est parce qu'il joue dans cette même catégorie que Lady Jane se voit remettre sans peine le titre de pire long métrage de Robert Guédiguian. Polar revisité versant mollesse, le film navigue en eaux tiédasses entre stylisation référentielle ratée (la HD de Pierre Milon se flatte d'être nocturne et qu'ainsi l'eau soit noire, le manteau de cuir, noir, l'ombre, noire, etc.) et poncifs grotesques.

Pour y mieux voir, prélevons un exemple. À mi-parcours, Lady Jane offre les prémisses de ce qui eut pu être une plutôt belle scène: suspens minuté à l'attente en gare d'un train chargé d'inquiétantes promesses. Trois points de vue croisés, une spatialisation efficiente, quelques plans larges, de quoi respirer... Alors on attend, d'abord soulagé qu'enfin le film démarre et du coup intrigué, un peu inquiet. Mais puisque rien ne vient, Guédiguian meuble, comble comme il peut d'un dialogue maladroit, répète des regards en coins: en un mot tue le temps. Tout ça pour?... Bien peu, hélas. Du train, il n'y avait rien à attendre, sinon cette stylisation gratuite, comme un exercice d'école. Comme si Guédiguian n'avait plus rien à raconter. "Vous allez voir qu'il va nous balader toute la journée", conclut Jean-Pierre Darroussin, à l'acmé déceptive de cette séquence "pour du beurre". On n'aurait pas dit mieux.

par Guillaume Massart

En savoir plus

À l'occasion de la sortie de Lady Jane paraît le premier livre, à notre connaissance, entièrement consacré au réalisateur de Mon père est ingénieur. Conversation avec Robert Guédiguian, son titre n'en fait pas mystère, est la retranscription d'un long entretien donné par le cinéaste à la journaliste du magazine Première Isabelle Danel. Intime de longue date, Danel mène l'interview à la deuxième personne, retraçant chronologiquement la filmographie de Guédiguian, depuis ses débuts sous influence Pasolinienne jusqu'aux escapades parisienne et arménienne, puis le retour marseillais de Lady Jane. Disert et en confiance, Guédiguian se livre assez largement, exercice qu'on ne lui connaissait que dans les bonus d'un coffret DVD paru chez Arte.

Sans surprise on y trouve l'Estaque, l'enfance, la troupe fidèle, le rêve communiste (prolongé par la reproduction de tribunes parues dans Le Monde), les bouts de ficelles des débuts puis la rançon du succès post-Marius et Jeanette, le métier de producteur... Isabelle Danel va dans le sens du poil, marquant certes un peu plus de distance quant au Mitterrand de fiction du Promeneur du Champ de Mars, mais se refusant à gratter là où ça picote (intrigant passage, notamment, où Guédiguian rechigne à dire clairement les raisons de sa brouille avec le grand chef-opérateur Renato Berta...). Le tout se lit donc vite et bien, un peu mécaniquement. Les dernières pages, consacrées à des commentaires "critiques" (il faut le dire vite) de l'entière filmographie du cinéaste, sont un complément plus qu'anecdotique.

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