La Nuée
France, 2020
De Just Philippot
Scénario : Jérôme Genevray, Franck Victor
Avec : Suliane Brahim
Durée : 1h41
Sortie : 16/06/2021
Pour sauver sa ferme de la faillite, une mère de famille célibataire se lance dans un élevage de sauterelles comestibles et développe avec elles un étrange lien obsessionnel.
LES DIX PLAIES DU LOT-ET-GARONNE
La Nuée est en apparence totalement français: un pur portrait d’agricultrice dans la lignée de ce qu’a pu faire Hubert Charuel avec Petit Paysan. La première demi-heure assume à plein cette fausse piste: imposible de penser qu’on est devant autre chose qu’une chronique de la déchéance rurale. Sauf que l’étrange guette et vient progressivement installer un trouble… Virginie (Suliane Brahim, très bien) élève des insectes. Dans leur serre, les créatures, grouillantes, deviennent peu à peu une métaphore du mental vrillé de la jeune femme. Lorsqu’elles prennent leur envol, elles se transforment alors en menace protéiforme. Just Philippot, dont c’est le premier long-métrage après plusieurs courts à la frontière du fantastique, dose finement ses effets. L’angoisse sourde à la Cronenberg se marie bien avec quelques (trop) brèves irruptions gore. Il réussit également son portrait de famille en tissant discrètement un rapport mère-fille troublé et des scènes amoureuses bien servies par un très bon Sofian Khammes. Si le résultat final souffre d’une petite longueur au milieu, le scénario de Jérôme Genevray et Franck Victor a le grand mérite d’aborder une thématique contemporaine mais sans jamais donner l’impression de courir après l’actualité. Au lieu du film-dossier sur la chimère de réinventer l’alimentation en substituant un animal à un autre, leur scénario bascule dans la fable quasiment biblique. Le final, abrupt et cathartique, est marquant.